Le message adressé par S.M le Roi Mohammed VI aux participants à la 1ère édition de la «Journée Nationale de l'industrie» qui a clôturé ses travaux, mercredi à Casablanca, constitue une véritable feuille de route pour le développement de l'industrie marocaine.
Le Souverain prône la souveraineté industrielle nationale qui doit être au coeur des priorités face aux vulnérabilités des chaînes de valeur mondiales et à la forte dépendance aux importations.
S.M le Roi, Mohammed VI a souligné la nécessité de "se préparer pleinement à inaugurer une nouvelle ère industrielle portée vers et par la notion de souveraineté".
« Notre pays a besoin, pour réussir ce challenge, d'une industrie intégrant de nouvelles activités et de nouveaux savoir-faire et offrant plus d'opportunités d'emploi», a souligné le Souverain dans ce message dont lecture a été donnée par le ministre de l'Industrie et du Commerce, Ryad Mezzour, précisant que l'industrie doit faire de sa capacité à créer des emplois pérennes pour les jeunes son premier enjeu.
«L'ambition industrielle ne peut être, en effet, portée que par un capital humain aux capacités et aux compétences renforcées», a assuré le Souverain, mettant en exergue l'importance pour le tissu industriel de généraliser l'adaptation du capital humain aux besoins spécifiques des projets industriels et de renforcer les compétences managériales.
Pour ce faire, S.M le Roi juge nécessaire «d'assurer aux jeunes une formation de qualité au diapason des nouveaux besoins et des nouvelles mutations et ouverte sur les nouvelles technologies, dans le cadre d'un partenariat public-privé plus renforcé».
Le Souverain a appelé, à cette occasion, à la mise en place et à l'élargissement des dispositifs d'accompagnement en faveur du renforcement de l'infrastructure technologique et de la recherche et développement au sein des entreprises marocaines et de la création d'un écosystème industrie-université-centres de recherche, pour soutenir l'innovation et en faire un moteur de croissance de l'industrie marocaine.
D'autre part, cette montée en gamme que l'industrie devra opérer implique nécessairement, selon S.M le Roi, sa transition accélérée vers une production sobre en carbone via l'accès à l'électricité produite à partir de sources renouvelables à des prix compétitifs et l'amélioration de son efficacité énergétique.
En outre, l'industrie marocaine est appelée à contribuer à la préservation des ressources hydriques par la rationalisation de l'utilisation de l'eau et la réutilisation des eaux usées ainsi que par le recours aux technologies et aux solutions nouvelles, a insisté le Souverain, notant que le Royaume peut ainsi devenir une référence en termes de modes de production décarbonée, responsable et durable et attirer les investisseurs étrangers en quête d'opportunités dans les secteurs de l'économie verte.
Par ailleurs, le Souverain a appelé le secteur privé à tirer parti de la dynamique enclenchée par la nouvelle Charte de l'investissement, et à profiter des multiples incitations accordées par les régions aux investissements privés, selon les spécificités, les ressources et les potentialités dont elles disposent, de manière à ce que soit érigé, dans chacune d'entre elles, un pôle économique à même de créer de l'emploi et de réaliser le plein potentiel productif des territoires.
Lors de cette journée, les participants, représentant les ministères, les institutions publiques, les fédérations professionnelles et les opérateurs privés, ont examiné les enjeux relatifs à l'élaboration de la nouvelle stratégie industrielle inscrite dans le cadre de l'opérationnalisation des recommandations du Nouveau modèle de développement.
Intervenant lors de cette journée, le directeur général du Fonds Mohammed VI pour l'investissement, Mohamed Benchaâboun, a souligné que le renforcement de la compétitivité industrielle nécessite d'investir dans la formation des ressources humaines.
"On ne peut pas parler d'une amélioration des process, de la productivité, de l'amélioration des coûts et de la qualité sans investir dans la formation des ressources humaines et la formation de base", a précisé Mohamed Benchaâboun, affirmant que l'investissement peut porter sur l'outil et l'amélioration des process dans le moyen et le long termes ainsi que sur l'immatériel, notamment dans la recherche, la formation et le système d'information.
Pour sa part, le ministre délégué auprès du chef du gouvernement chargé de l'Investissement, de la Convergence et de l'Evaluation des politiques publiques, Mohcine Jazouli, a mis l'accent sur le rôle de la nouvelle Charte de l'investissement en faveur du renforcement de la compétitivité de l'industrie marocaine, précisant qu'elle se fixe comme ambition la création de la valeur et des emplois, et qu'elle a été élaborée en étroite collaboration avec le secteur industriel.
Il a rappelé les trois volets importants de la Charte, à savoir celui de la gouvernance, qui va permettre aux territoires de jouer un rôle important et de se rapprocher du tissu industriel local, celui lié au climat des affaires et celui relatif aux primes et incitations à l'investissement.
De son côté, le président de la Confédération générale des entreprises du Maroc (CGEM), Chakib Alj, a assuré que le secteur privé est fortement mobilisé pour la montée en gamme de l'industrie nationale.
S'exprimant lors de cette journée nationale de l'industrie, il a souligné l'engagement du secteur privé pour renforcer davantage l'industrie nationale et accélérer la création d'emplois à travers l'investissement.
Il a, en outre, relevé que cette première édition de la journée nationale de l'industrie se veut une plateforme de dialogue public-privé, autour des thématiques qui sont au coeur des préoccupations des industriels marocains, notant que l'objectif est d'en sortir avec une feuille de route claire, et des actions concrètes, pour "accélérer la montée en gamme de notre industrie pour les prochaines années et créer des emplois pérennes pour notre jeunesse".
Il a, également, souligné que l'industrie doit accompagner les grands chantiers Royaux, notamment le développement des énergies renouvelables et la généralisation de la protection sociale, appelant les industriels à profiter de la Charte d'investissement et de l'activation des mécanismes du Fonds Mohammed VI pour l'investissement.
Il a, dans ce sens, souligné que "le message Royal rappelle aussi les priorités économiques de notre pays, à savoir la création d'emploi, la souveraineté industrielle, l'intégration locale, la transition durable, l'innovation et la R&D et bien entendu le développement régional, tout cela soutenu par la Charte de l'investissement".
Evoquant les perspectives de l'industrie marocaine pour les prochaines années, le président de la CGEM a mis en avant les opportunités de développement et de réduction de la dépendance aux importations, notamment dans l'agro-industrie, avec 20% uniquement des exportations agricoles en produits transformés.
Il a également évoqué les opportunités dans le domaine des énergies renouvelables, en particulier avec l'ambition du Maroc d'atteindre 52% d'énergies renouvelables dans le mix énergétique d'ici 2035, ainsi que les opportunités dans l'industrie pharmaceutique avec la généralisation de la protection sociale.
Pour sa part, le ministre de l'Industrie et du Commerce, Ryad Mezzour, a fait savoir que le secteur de l'industrie s'est fixé comme objectif de créer 410.000 emplois, faisant état de la création d'environ 94.000 emplois nets dans le secteur depuis le début du mandat du gouvernement.
Ainsi, il a insisté sur l'importance d'introduire de nouveaux métiers, renforcer nos capacités en matière technologique et d'infrastructure technique, de recherche et développement et d'accélérer la décarbonation de notre industrie.
S'agissant du volet des exportations, Ryad Mezzour a précisé que 86% de nos exportations de biens en valeurs sont des produits transformés, notant que des niveaux records ont été atteints en exportation de véhicules avec plus de 110 milliards de dirhams (MMDH), 40 MMDH dans le textile, plus de 40 MMDH dans l'agroalimentaire, et plus de 20 MMDH dans l'aéronautique.
A rappeler que cinq panels ont été organisés lors de cette journée autour des «leviers pour renforcer la compétitivité industrielle », «l'intégration locale et made in Morocco», «les compétences dans les filières industrielles», «la décarbonation et efficacité énergétique et hydrique pour l'industrie», et «le financement de l'investissement productif».
A travers ces panels, les participants se sont penchés sur les moyens multidimensionnels visant à atteindre les principaux objectifs du secteur de l'industrie, confirmant sa position comme priorité nationale et sa disposition à constituer un levier axial pour le développement du Maroc.
La promotion de l'investissement productif dans l'industrie à l'échelle nationale et des régions, son attractivité et sa valorisation ont également été abordées par les panélistes qui ont aussi évoqué les outils de développement d'un environnement industriel propice à l'investissement et le traitement des causes structurelles qui entravent la compétitivité des entreprises.
Ont également été au menu des travaux, le développement du "Made in Morocco" comme un marqueur de qualité et de compétitivité, la promotion de l'innovation au service de l'industrie et le soutien aux petites et moyennes entreprises (PME) productives dans le cadre des écosystèmes industriels.
Les intervenants ont, également, évoqué la question de l'accélération de la transition durable de l'industrie marocaine ainsi que le renforcement des synergies entre les différentes fédérations sectorielles industrielles.
Cette journée a aussi été l'occasion de lancer une banque de projets innovants et la plateforme de valorisation des brevets d'invention, ainsi que de conclure deux conventions de partenariat. La première porte sur le développement et la promotion de la propriété industrielle et commerciale et la valorisation des actifs immatériels des entreprises marocaines. Alors que la deuxième a pour objet de définir les modalités du partenariat entre les deux parties pour reconduire l'organisation de cette journée chaque année.