Le premier conseil des ministres du nouveau gouvernement, toujours dirigé par Jean-Michel Sama Lukonde, a lieu ce vendredi 31 mars en RDC. Une rentrée peu ordinaire pour plusieurs nouveaux venus. Parmi eux, Jean-Pierre Bemba fait figure de poids lourd très attendu pour affronter des défis tout aussi imposants.
« Tant que je n'aurai pas régler ce problème de sécurité, pour moi, je n'aurai pas réussi mon mandat de président de la République. » Ces paroles de Félix Tshisekedi concernant la situation dans l'est de la RDC résonnent encore plus fort à quelques mois des élections.
Membre de l'Union sacrée, la plateforme politique au pouvoir, Jean-Pierre Bemba est censé apporter les voix du Nord du pays à Félix Tshisekedi dans le cadre de la présidentielle prévue en décembre de cette année. L'ancien chef rebelle entre en jeu dans un contexte sécuritaire délicat. Rien que dans l'est du pays, plus de 700 civils ont été tués par des groupes armés depuis décembre dernier, selon l'ONU.
Il lui revient désormais d'accélérer l'atteinte de ce résultat. Le nouveau ministre de la Défense a identifié ses principaux défis : lutter contre la culture d'anti-valeur et d'immoralité qui mine les forces armées en particulier, assurer l'intégrité territoriale du pays, restaurer l'autorité de l'État et essuyer l'humiliation, a-t-il dit.
Dans l'immédiat, il faudra gérer les armées étrangères présentes sur le sol congolais, mais aussi mettre de l'ordre dans le système national de défense.
Dans le budget national de l'année 2022, le secteur de la défense constituait le troisième poste de dépenses, selon les chiffres communiqués par le gouvernement. Pourtant, sur le terrain, les militaires se plaignent souvent du manque de moyens. Félix Tshisekedi lui-même avait dénoncé ce qu'il qualifie de mafia dans l'armée.
Il revient aussi à Jean-Pierre Bemba de lancer la mise en oeuvre de la nouvelle politique de défense présentée en décembre 2022 qui s'articule notamment autour du développement d'un dispositif efficace de dissuasion et de la mise en place d'une industrie de défense.
Dans l'ouest, la situation s'aggrave également dans la province de Mai-Ndombe. Au moins 300 personnes ont perdu la vie depuis juin 2022 dans les violences présentées d'abord comme communautaires.
Mgr Jean-Pierre Kwambamba Masi, évêque du diocèse de Kenge: «Il y a un regain de violence et on apprend continuellement que des villages sont incendiés et des personnes tuées» Des affrontements interethniques persistent dans la province du Maï-Ndombe. Avec le territoire de Kwamouth comme point de départ, ce conflit entre Yaka et Teke s'étend désormais à d'autres contrées de la région.
Les tueries se poursuivent, un énième chef de terre a été tué en début de semaine. Des milliers de personnes continuent de fuir leurs villages pour se réfugier dans les villes, jusqu'à gagner Kinshasa, la capitale. D'autres, nombreuses, ont choisi de traverser le fleuve pour se mettre à l'abri au Congo-Brazzaville.
Mgr Jean-Pierre Kwambamba Masi, évêque du Diocèse de Kenge, région qui a vu s'étendre le conflit, décrit une situation désespérée, au micro de Kamanda wa Kamanda-Muzembe : « Il y a un regain de violence et, continuellement, on apprend qu'il y a des villages qui sont incendiés, mais surtout des personnes qui sont tuées, égorgées. Et c'est une insécurité généralisée pour une bonne partie de notre diocèse. »
Comme beaucoup, Mgr Jean-Pierre Kwambamba s'interroge sur les origines réelles de ce conflit entre deux communautés qui, jusque-là, vivaient ensemble : « On parle du pétrole, on parle du diamant et les forêts elles-mêmes ; les rivières, les sources d'eau constituent de grandes richesses. Et sûrement, ces richesses sont enviées par beaucoup de personnes. »
L'évêque du diocèse de Kenge appelle à l'arrêt des violences et à la réconciliation des communautés