À Madagascar, les locaux de La Gazette de la Grande Île ont été perquisitionnés, ce 30 mars 2023, cinq jours après l'arrestation et l'incarcération de son propriétaire, Lôla Rasoamaharo. Il est poursuivi pour tentative d'extorsion de fonds, diffamations, menaces et injures, suite à une plainte déposée par une opératrice économique. Mais une nouvelle plainte envers le quotidien pour arriérés de paiement, datant de 2016, aurait été émise par la Jirama, la compagnie nationale d'eau et d'électricité.
C'est un nouveau rebondissement dans l'affaire qui touche Lôla Rasoamaharo, le propriétaire du quotidien malgache : cinq jours après son arrestation et son incarcération suite à une plainte déposée contre lui, son journal se retrouve à son tour dans le collimateur de la justice.
Le patron de presse devrait être déferré ce matin au parquet. La Fédération des associations des journalistes de Madagascar dénonce une cabale menée pour museler un journal, qui se considère « indépendant politiquement ».
« La Gazette est le seul média qui ose critiquer le Président et le gouvernement »
Réputé pour publier des Unes sulfureuses et corrosives, Lôla Rasoamaharo, le directeur général et propriétaire de La Gazette de la Grande Île a été écroué le 25 mars 2023 à la prison d'Antanimoro, quelques heures après son arrestation. Il est poursuivi pour tentative d'extorsion de fonds, diffamations, menaces et injures, suite à une plainte déposée par une opératrice économique.
Mais l'affaire ne s'arrête donc pas là. Ce 30 mars 2023, à 18h30, un huissier et des gendarmes ont pénétré dans les bureaux de son journal, munis d'un mandat émis par le tribunal de première instance. Les ordinateurs ont été saisis. Une nouvelle plainte pour arriérés de paiement datant de 2016, aurait été émise par la Jirama, la compagnie nationale d'eau et d'électricité.
Depuis, les réseaux sociaux s'emballent. Beaucoup voient en cette incarcération les conséquences d'articles et de Unes calomnieuses ou dérangeantes politiquement, qui irritent au plus haut niveau.
La dernière en date, celle affichant la prétendue copie du passeport français d'Andry Rajoelina titrant « Un Mamimbaoka [représentant du peuple, Ndlr] binational est-il légitime à rester président ? », a fait couler beaucoup d'encre.
Un point de vue partagé par la Fédération des associations des journalistes de Madagascar, représentée par son Vice-président, Fernand Cello.
« Nous condamnons l'arrestation de Lôla Rasoamaharo, déclare-t-il.La Gazette est le seul média qui dénonce l'injustice, qui ose critiquer le Président et le gouvernement. Nous sommes convaincus que l'État est derrière tout ça. C'est un mauvais signe parce que ça [porte] atteinte à la liberté d'expression et de la liberté de presse à Madagascar ». Hier soir, dès 21h, le site internet du quotidien n'était plus accessible.