Madagascar: Ressources naturelles - Les débats continuent de s'animer

La manière dont la Grande île devrait exploiter ses ressources naturelles pour faire émerger son économie et améliorer les conditions de vie de la population fait toujours l'objet d'âpres discussions.

Le secteur extractif représente actuellement 4% du PIB et 30 % des recettes d'exportation, selon l'Economic Development Board of Madagascar (EDBM). Le projet de remplacer l'actuel code minier, qui date de 2005, est présenté comme une opportunité d'assainir le secteur et de mieux faire profiter la population des retombées de l'exploitation des richesses naturelles.

Mais les parties prenantes peinent à trouver un terrain entente notamment au niveau de la clé de répartition des redevances et ristournes. C'est dans ce contexte que le Fonds Monétaire International (FMI) a indiqué, dans sa dernière note, qu'une « révision bien conçue du code minier et une réforme de la fiscalité minière pourraient générer des recettes importantes tout en stimulant la croissance et les exportations ».

Pour le citoyen lambda, les choses sont simples : sans une gouvernance assainie, les mines, comme les autres richesses dont dispose le pays, ne permettront pas d'améliorer les conditions de vie de la population. Certains observateurs avancent, pour leur part, que les discussions doivent désormais se focaliser sur la manière dont le pays devrait allouer les ressources issues des activités extractives.

C'est là que le débat sur les projets comme la mise en place d'un fonds souverain ou encore l'opportunité ou non de contracter des financements adossés à des ressources naturelles prend toute son importance. Pour le Directeur Général de l'Economie et du Plan, Olivier Ramiandrisoa, il est tout aussi important de se tourner vers les opportunités offertes par le contexte actuel marqué par l'accélération vers la transition énergétique. En témoigne la hausse de la demande de voitures électriques.

« Madagascar dispose de la majorité des minerais essentiels à la fabrication des batteries pour ces voitures (graphite, cobalt, nickel, etc.), il est donc nécessaire d'appuyer le développement de l'exploitation de ces minerais et d'instaurer l'écosystème requis pour leur transformation à Madagascar », a-t-il expliqué dernièrement lors de la conférence intitulée « L'Economie malgache face aux défis internationaux actuels ». Notons, également, que la semaine dernière a été tenue une séance de dissémination de l'étude sur les niches fiscales et parafiscales et les bonnes pratiques de taxation et de collecte des recettes fiscales relatives aux ressources naturelles.

Changements drastiques

Cette étude a été financée par la Banque Africaine de Développement (BAD) et réalisée par les groupes Apex et FTHM Consulting. La séance, qui a vu la présence de Rindra Hasimbelo Rabarinarison, Ministre de l'Economie et des Finances, d'Adam Amoumoun, Responsable pays de la BAD à Madagascar, et de Martin Houle, Consultant du projet, s'est penchée sur les pistes de réformes pour accroitre les recettes fiscales et non fiscales de l'État, notamment dans les secteurs miniers, forestiers et halieutiques.

« Souvent, nous évoquons la grandeur de notre pays à travers notre richesse naturelle. Son exploitation se doit d'être bénéfique pour toutes les parties prenantes. A ce sujet, il est important qu'elle soit porteuse de développement, d'émergence pour le pays, dans les normes environnementales», a soutenu la ministre Rindra Hasimbelo Rabarinarison, dans son allocution.

Et le membre du gouvernement d'ajouter que les recommandations formulées par les études vont, inéluctablement, être discutées et prises en compte en tant qu'outils d'aide à la décision pour la mobilisation des ressources internes en vue de soutenir le processus de transformation économique et sociale du pays.Du côté des plateformes de la société civile, on ne se lasse pas de souligner que le cadre institutionnel, le savoir-faire technique et la performance des services publics ne suffisent pas à protéger les ressources naturelles et à les exploiter durablement.

« La gestion des filières les plus rentables étant un domaine très complexe et concernant plusieurs départements ministériels en suivant la chaîne depuis l'extraction jusqu'à l'exportation, les défaillances enregistrées nécessitent des changements drastiques pour permettre la transformation de nos richesses en un véritable moteur de développement pour le pays », soutiennent-elles.

Par ailleurs, les partenaires techniques et financiers multiplient les ateliers d'échange et de sensibilisation pour expliquer que la capacité d'adaptation aux effets du changement climatique du pays, dont les richesses naturelles sont fortement menacées, doit être renforcée par des plans d'action nationaux et la prise en compte systématique de cette question dans les domaines politiques importants et les activités de communication et d'information du public.

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