C'est un changement important au quotidien : les habitants de Brazzaville, jusqu'à il y a peu, circulaient dans des taxis-voiture. Toutes catégories sociales confondues, les Brazzavillois sont toutefois en train, depuis un moment, d'opter pour les taxis à deux roues, les taxis-motos.
Nord de Brazzaville, place du Terminus de Mikalou. Faute d'entretien, le sol est jonché de nids de poule et dominé par le sable qui couvre le bitume. L'endroit est un point de départ de taxis-motos.
« Il y a trop de dépenses avec le taxi ordinaire »
Christ Owassa, chef de famille, vient souvent chercher un deux roues, ici, pour se rendre dans la maison de presse où il travaille au centre-ville. « Je préfère le taxi-moto parce que souvent quand je prends le bus, j'arrive au lieu de travail en retard », explique-t-il. « Parfois, le chef arrive avant moi. Ça ne fait pas une bonne image. Avec le bus, il y a trop d'arrêts. Le taxi-moto est mieux parce qu'il coûte moins cher. Il y a trop de dépenses avec le taxi ordinaire », se justifie-t-il.
Abel Obambi, un ouvrier de 42 ans, habite le quartier Jacques Opangault, une zone presque sans voie d'accès. Le taxi-moto lui semble devenu incontournable. « Il est à notre avantage parce qu'il nous aide à nous déplacer. C'est plus rapide », soutient-il.
Les conducteurs sont des diplômés sans emplois ou des anciens membres de gangs
Sur certaines voies, les taxis-motos semblent même dominer les taxis ordinaires, comme le témoigne ce chauffeur qui préfère garder l'anonymat. « Les taxis-motos on les rencontre un peu partout, surtout dans certains quartiers où il y a une grosse attractivité. Quand tu jettes un coup d'oeil sur le rétroviseur, tu les vois à gauche et à droite. C'est pour cela que je dis qu'ils ne connaissent pas le code de la route. Leur prolifération est due au chômage des jeunes », estime-t-il.
À Brazzaville, les conducteurs des taxis-motos sont des diplômés sans emplois, mais aussi des anciens membres de gangs, communément appelés « bébés noirs » ou « koulounas », désormais reconvertis.
« Ce phénomène a commencé depuis le confinement »
Ce phénomène des taxis-motos est observé depuis quelques années par Patrick Milandou, président du Syndicat des employeurs des transporteurs terrestres du Congo.
« Il a commencé depuis le confinement, explique-t-il au micro de RFI. Quand il y a eu le confinement [imposé par les autorités congolaises de mars à mai 2020, Ndlr] dû au coronavirus, les gens, pour éviter les embouteillages et le couvre-feu, ont pris l'habitude d'emprunter les taxis-motos ».
Il poursuit : « On constate aujourd'hui que ce phénomène prend de l'ampleur. C'est dû premièrement à l'extension de la ville : il y a de ces quartiers où les véhicules ne peuvent pas arriver. Du coup, les gens, pour se déplacer, ils ont besoin de ce moyen de transport qu'est le taxi-moto. »
Patrick Milandou conclut : « Aujourd'hui, on peut dire que les taxis-motos sont devenus un moyen incontournable avec l'extension de la ville ; avec l'état dégradé de nos routes et surtout avec les difficultés des moyens de déplacement dans certains quartiers. »