L'opposant a été condamné jeudi 30 mars à une peine de deux mois de prison avec sursis. La défense du ministre Mame Mbaye Niang, qui avait porté plainte contre Ousmane Sonko pour diffamation, indique avoir fait appel.
Au Sénégal, les réactions sont contrastées après le procès d'Ousmane Sonko qui s'est tenu le 30 mars 2023. L'opposant a été condamné à deux mois de prison avec sursis pour diffamation à l'encontre du ministre du tourisme Mame Mbaye Niang, qu'il avait accusé de détournement.
C'est un verdict « d'apaisement » affirme Me Pierre-Olivier Sur, l'un des avocats de Mame Mbaye Niang ; une décision « mesurée » selon lui, dans le sens de la décrispation, qui permet à Ousmane Sonko de « rester dans le débat politique ». Mais le parti Les Patriotes africains du Sénégal pour le travail, l'éthique et la fraternité (Pastef) a rejeté de son côté un « verdict honteux ». Dans un communiqué publié hier soir, le bureau politique dénonce une « parodie de justice », une « justice complice » qui n'a pas - selon le Pastef - cherché à élucider ce qu'il qualifie de « carnage financier ». Pour le parti d'opposition, la candidature d'Ousmane Sonko pour la présidentielle de 2024 « n'est pas négociable ». Il appelle ses militants à poursuivre « le combat ».
Les avocats de Mame Mbaye Niang ont fait appel
Avec cette peine, le leader du parti Pastef reste éligible pour la présidentielle prévue en février 2024. Mais la procédure n'est pas terminée. « On va reprendre à zéro », affirme ainsi Maître Baboucar Cissé, l'un des avocats de Mame Mbaye Niang joint au téléphone. Il indique avoir fait appel du jugement d'hier. Il parle d'une « satisfaction partielle » après la décision de justice, notamment sur le montant des dommages et intérêts : Ousmane Sonko a été condamné à payer 200 millions de FCFA (environ 300 000 euros) au titre du préjudice, alors que la partie civile réclamait 29 milliards de FCFA (environ 44 millions d'euros).
L'avocat souligne que le parquet a également fait appel de son côté. Le procureur avait requis une peine de deux ans de prison contre Ousmane Sonko, dont un an ferme pour diffamation et faux.
Donc si la tension est retombée à Dakar après le procès d'hier - la vie a repris son cours normal après une journée quasiment « ville morte » -, le répit pourrait être de courte durée. Ce n'est en effet pas l'épilogue. D'autant qu'Ousmane Sonko est poursuivi dans une autre affaire, pour des accusations de viols par Adji Sarr. Aucune date n'a été fixée pour un procès dans ce dossier.