Congo-Kinshasa: Disparition - Derniers hommages à Lokassa ya Mbongo ce week-end

Un programme conjoint des Congolais et des communautés africaines des États-Unis prévoit des cérémonies funéraires en mémoire de l'illustre guitariste Lokassa ya Mbongo, décédé à 77 ans, le 14 mars dernier, pour ce 31 mars et ce 1er avril.

Transmis au Courrier de Kinshasa par un autre guitariste congolais qui vit à New York, Ngouma Lokito, le programme établi aux noms des Congolais et des communautés africaines des États-Unis prévoit deux cérémonies. La première est une réunion funéraire organisée au restaurant Tokoss, ce 31 mars de 17h à 23h, à Manchester, et « non le 30 mars, comme mentionné sur le programme », a averti Ngouma Lokito.

Le 1er avril, il est prévu l'exposition de la dépouille mortelle de feu Lokassa ya Mbongo à la maison funéraire et centre de crémation Connor-Healy. Selon l'organisation, ce sera l'occasion de rendre les derniers hommages à l'illustre disparu. A cet effet, a informé Ngouma Lokito, « nous allons pouvoir nous recueillir dans le salon funéraire. Tous ceux qui le voudront iront s'incliner devant le cercueil ouvert ». Le Connor-Healy sera occupé de 10h à 13h pour cette dernière cérémonie mortuaire. A la suite de ce dernier hommage public, il est à nouveau prévu une rencontre, un bain de consolation, au Tokoss.

Par ailleurs, le programme de ce week-end est organisé pour permettre aux mélomanes et communautés congolaises et africaines d'assister la famille et rendre un dernier hommage à Lokassa ya Mbongo. Ensuite, il est prévu un rapatriement de la dépouille ici au pays. Cependant, a indiqué Ngouma Lokito à propos : « Nous ne connaissons pas encore la date du départ pour le Congo. Mais c'est ce qui est normalement prévu ».

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Rappelons que le très estimé Lokassa ya Mbongo, ou encore comme prenaient plaisir à rajouter certains de ses nombreux fans « Lokassa ya dollar », avait pour premiers fanatiques les chanteurs. C'est dire que son talent était reconnu et apprécié à sa juste valeur. Son doigté à la guitare rythmique était l'un des plus sollicités par divers artistes, surtout les grands de la rumba congolaise.

Il s'est éteint le 14 mars dernier à 22h55 min, à l'Hôpital Saint Joseph de Nashua, au New Hampshire, ainsi que l'a précisé le programme funéraire. C'était le lendemain, le 15 mars dans la matinée, que la triste nouvelle avait fait le tour de la toile. Plusieurs musiciens et mélomanes s'étaient alors exprimés avec regret sur cette disparition qui les chagrinait au plus haut point.

Vénéré comme un dieu en Colombie

Le Courrier de Kinshasa a recueilli un témoignage élogieux qu'a fait Pytshens Kambilo, un autre guitariste, de la génération actuelle qui prépare un ouvrage scientifique sur les guitares congolaises. « Je suis triste, cela me fait mal au coeur en considérant cette grande perte. Nous avons perdu un grand guitariste », a-t-il dit. Mais encore, a-t-il renchéri, « Lokassa ya Mbongo fait partie de ces grands de notre guitare rythmique sur qui je fais des recherches. Je le cite dans le livre que je suis en train de finir. J'ai vu son travail, suivi son parcours et un peu sa technique.

J'ai aussi pensé à écrire ses partitions de guitare parce que c'est une richesse que nous risquons de perdre car nous ne mettons pas souvent en avant les guitaristes ». Et de souligner avec cette confidence teintée de nostalgie : « C'est une grande perte que nous venons de connaître. Je rêvais de le croiser après avoir vu ses shows, ses concerts en Colombie. Dommage que plusieurs ne le reconnaissent peut-être pas car il n'est pas de la génération contemporaine où on ne parle plus des guitaristes mais uniquement des chanteurs alors qu'il fait partie de nos plus grands guitaristes.

Et, s'il y a lieu de se souvenir des classiques, il y en a plein où l'on peut savourer son jeu de guitare mais celui qui me plait le plus c'est celui de "Moyibi" chanté par Canta Nyboma et Pépé Kallé. Dans cette chanson, on écoute en grande partie s'exprimer la guitare rythmique de Lokassa ya Mbongo. On ressent cette richesse technique que l'on ne retrouve plus de nos jours parce que ce n'est plus comme avant où on laissait largement le temps à la guitare rythmique s'exprimer ».

Du reste, nous a encore appris Pytshens, « En Colombie, il est vénéré comme un dieu. Il fait des shows et des concerts des fois seul avec sa guitare et les gens dansent parce qu'ils connaissent son répertoire par coeur. C'est triste de connaître cette perte d'un grand maître de la guitare rythmique de la musique congolaise. J'espère qu'il ne sera pas oublié, que l'on continuera de parler de lui. Moi, je le ferai dans mon livre, dans mes études pour pas que nous perdions ses traces ».

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