Congo-Brazzaville: Les souvenirs de la musique congolaise -Dissidences et dislocations des orchestres congolais de 1960 à 1970 (1)

Les décennies 1960 et 1970 furent dominées par des orchestres créés à la suite de l'implosion d'un noyau originel. Les ex-croissances de ce noyau implosent à leur tour, donnant naissance à des nouveaux orchestres. Ce phénomène connaîtra une ampleur et deviendra une constance de la vie des orchestres des deux rives du fleuve Congo.

Historiquement, l'éclatement en 1956, à Léopoldville, du Negro Jazz (orchestre de Brazzaville et ancêtre de l'orchestre Bantous composé d'Essous, Edo Ganga, Célestin Kouka, Nino Malapet, Isidore Diaboua Lièvre, Yengo Bruno...) fut la première grande dislocation d'un groupe musical sur les deux rives du fleuve Congo. Ainsi, du Negro Jazz naissent le Rock'A Mambo, l'Ok Jazz et Maquina Loca, groupes emblématiques de la fin des années 1950.

L'âpre concurrence des maisons d'éditions à Léopoldville, entre autres, Ngoma, Loninguissa, Opika, Esengo... ayant permis à la musique congolaise de s'épanouir fut la raison essentielle de la dislocation du Negro Jazz. A la suite, Essous, Edo Ganga et Célestin Kouka intègrent la maison Loninguisa tandis que Nino Malapet puis Essous et Rossignol sont récupérés par la maison Opika.

En 1960, le Jazz africain éclate. Il en naît d'une part l'orchestre Tenace du Congo, dirigé par papa Bouanga, et, d'autre part, le Vox Africa de Jeannot Bobenga. Les raisons de cet éclatement sont liées à des questions de susceptibilité et d'incompatibilité des humeurs. Les mêmes raisons sont à l'origine de la séparation du bassiste Mountou Typoa et de Paul Ngombet alias Penki, qui quitta l'orchestre Novelty pour créer Manta Lokoka.

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Vicky Longomba et Brazzos, sociétaires de l'Ok Jazz, vont renforcer l'African Jazz qui se rend en Belgique à la table ronde. Au retour de cet orchestre de Bruxelles, Nico crée une aile éponyme. La guerre fut de courte durée entre Kallé et l'aile Nico, Rochereau et Roger Izeïdi. De leur côté, Vicky, Brazzos et Bolhen de l'Ok Jazz montent l'orchestre Negro succès.

Après un voyage à Conakry, en Guinée, le Beguen Band connut une scission. Depiano, Tchade et De la France d'un côté montent le Beguen Jazz, et, de l'autre, Damoiseau, Roitelet, Tino Baroza et Depuissant créent le Milo Jazz. L'éclatement du Conga Jazz donne naissance au Conga succès de Jhonny Bokelo et Co-Bantous de Bewayon (frère aîné de Jhonny Bokelo).

En 1963, Nico, Rochereau, Roger Izeidi quittent de nouveau l'African Jazz pour créer l'African Fiesta. Ces derniers contestent la gestion financière peu orthodoxe de Joseph Kabaselé Grand Kallé qui fait appel à Jeannot Bombenga pour reformer l'African Jazz et débauche Papa Noël des Bantous de la capitale. Ce renfort entraîna la mise entre parenthèses du Vox Africa.

Ainsi va la vie dans la musique des deux rives du fleuve Congo. (A suivre)

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