Sénégal: Mame Mbaye Niang va faire appel de la condamnation d'Ousmane Sonko

Dakar — Le ministre du Tourisme et des Loisirs, Mame Mbaye Niang, a déclaré vendredi avoir décidé de faire appel de la décision rendue par le tribunal de grande instance de Dakar au terme de son procès en diffamation contre l'opposant Ousmane Sonko.

"Nous allons faire appel en vue de l'augmentation" des dommages et intérêts à payer par la défense, a dit M. Niang lors d'une conférence de presse donnée en présence de ses avocats.

"L'argent qui sera reçu de ce procès sera exclusivement destiné aux 'daara' (écoles coraniques) et aux victimes" des violences survenues en marge du jugement de l'affaire, a-t-il promis, ajoutant : "Nous allons demander le maximum parce que [...] les personnes qui vont se partager ce montant sont nombreuses."

Il parle ainsi des blessés et des personnes tuées dans des affrontements entre forces de l'ordre et militants de l'opposition en marge du procès qui l'a opposé au maire de Ziguinchor (sud).

Au moins trois personnes ont péri dans ces heurts, selon plusieurs médias.

Un homme a été fauché mortellement par une voiture aux Parcelles Assainies, un employé de la mairie de La Médina a succombé à ses blessures à la suite d'affrontements entre forces de l'ordre et militants de l'opposition, pendant des jours d'audience du procès.

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Un garçon de 19 ans a trouvé la mort dans des violences survenues à Bignona (sud), lorsque des partisans d'Ousmane Sonko sont descendus dans la rue pour protester contre l'arrestation de militants de son parti.

Jeudi, le tribunal de grande instance de Dakar a reconnu Ousmane Sonko coupable de diffamation envers Mame Mbaye Niang et l'a condamné à deux mois de prison avec sursis.

La décision rendue au terme du procès émaillé de nombreux incidents condamne M. Sonko au paiement de 200 millions de francs CFA en guise de dommages et intérêts à verser au plaignant.

Ce dernier est un militant de l'APR, le parti politique du président de la République, Macky Sall.

Ousmane Sonko, arrivé troisième à l'élection présidentielle de 2019, a rendu publique sa volonté d'être candidat à celle de 2024.

La condamnation prononcée jeudi par le tribunal de grande instance de Dakar ne le prive pas de ses droits civiques et politiques. Il reste dès lors éligible à la présidence de la République.

"Puisqu'on nous accuse d'avoir détourné 29 milliards, qu'on nous donne ces 29 milliards"

Le procureur de la République l'avait reconnu coupable des délits de faux et de diffamation, puis avait requis deux ans de prison dont un an ferme. Il avait également requis une peine de trois mois de prison ferme contre l'opposant, pour des faits d'injure envers Mame Mbaye Niang.

Me Baboucar Cissé, l'un de ses avocats, a réclamé le versement de 29 milliards de francs CFA à son client en guise de dommages et intérêts.

"Puisqu'on nous accuse d'avoir détourné 29 milliards, qu'on nous donne ces 29 milliards", a plaidé Me Cissé devant le tribunal.

Ouvert le 2 février, le procès pour diffamation opposant Ousmane Sonko au ministre du Tourisme et des Loisirs avait été renvoyé une première fois au 16 février, à la demande des avocats du maire de Ziguinchor.

Ce dernier n'était pas présent à l'audience parce qu'il n'avait pas reçu une convocation du tribunal, selon ses avocats.

Un nouveau renvoi avait été ordonné par le juge, le 16 mars. Ce jour-là, après plusieurs incidents d'audience et des affrontements entre les forces de l'ordre et des proches d'Ousmane Sonko à Dakar, le procès a été renvoyé de nouveau.

Mame Mbaye Niang reproche à Ousmane Sonko d'avoir dit qu'il avait été épinglé par un rapport de l'Inspection générale d'Etat à cause de la mauvaise gestion d'un fonds de 29 milliards de francs CFA du Programme des domaines agricoles communautaires.

M. Niang conteste l'existence de ce rapport et a saisi la justice d'une plainte pour diffamation contre M. Sonko.

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