Cameroun: Atteintes liberté de la presse à Nkongsamba - Le sous-préfet interdit d'événements quatre journalistes

Youfedi Hamid, sous-préfet de l'arrondissement de Nkongsamba 2eme, a émis un message porté à l'endroit des forces de maintien de l'ordre pour les mettre aux trousses des hommes des médias dont il n'apprécie pas la liberté de ton. Les responsables des organisations de journalistes dénoncent ces autorités qui n'ont aucun respect pour le droit d'accès à l'information et la liberté de la presse.

«Bien vouloir refouler jusqu'à nouvel avis à la couverture médiatique d'événements se déroulant dans ma circonscription administrative les nommés Riphin Ngoppe de la voix du Moungo, Nana Serge de Tribune Libre, Hen Château de LTM, Franck Lionel Diffo de DBS TV.» Ce message émis par Youfedi Hamid, sous-préfet de l'arrondissement de Nkongsamba 2eme reste d'actualité. C'est ainsi que le 24 mars 2023 lors des festivités marquant l'an 38 du Rassemblement démocratique du peuple camerounais(Rdpc), les journalistes indexés se sont abstenus de couvrir les festivités organisées par les responsables du parti dans l'arrondissement de Nkongsamba 2eme. Ils redoutent en effet que le patron de cette circonscription administrative déchaîne sa fureur contre eux. Surtout que le 12 mars 2023, jour des élections sénatoriales au Cameroun, cette autorité administrative a intimé à Riphin Ngoppe, directeur de publication de la voix du Moungo, de quitter le bureau de vote du lycée du Manengouba de Nkongsamba au moment du dépouillement des urnes. Il fait partie des hommes de médias visés par l'interdiction du chef des terres.

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Il accuse les intéressés de s'être illustrés le 29 Août 2022 par des actes de mendicité, de chantage et des attaques verbales contre des fonctionnaires lors de la clôture du championnat de vacances baptisé « Nkongsamba 2ème pour la paix et le vivre-ensemble ». Le chef des terres ajoute qu'ils « se sont par ailleurs négativement comportés par des publications de sabotage dans les médias et réseaux sociaux ». Hamid Youpedi dit se réserver « le droit et le moment d'engager les poursuites auprès des instances appropriées».La décision portant interdiction à quatre journalistes de couvrir des activités dans sa circonscription jusqu'à nouvel ordre est qualifiée " d'abus de pouvoir " par plusieurs défenseurs du droit de l'accès à l'information. Gustave Flaubert Nkenge, directeur de publication d'Orientation Hebdo et coordonnateur du groupement des médias citoyens, trouvent que cette autorité administrative brille par des méthodes «antirépublicaines».

Pour lui, il est déplorable que «la liberté d'aller et de venir» des nobles citoyens soit bridée juste parce qu'ils ont la casquette de journalistes. Les responsables du Syndicat national des journalistes du Cameroun et ceux du Réseau des patrons de presse du Cameroun(Repac) dénoncent cette démarche du sous-préfet de Nkongsamba 2eme comme des autres sous-préfets liberticides qui n'ont aucun respect pour le droit d'accès à l'information et à la liberté de la presse. Certains journalistes habitués des couvertures dans le département du Moungo soulignent qu'il est constant que Youfedi Hamid ne tolère pas la critique des medias locaux à son endroit.

« Rétablir mon honorabilité »

Approché par Journalistes en Afrique pour le développement(Jade), le coordonnateur du regroupement des médias citoyens revient à la charge en faisant observer que l'Etat du Cameroun n'a pas, à travers son législateur, pris une loi pour assurer le droit d'accès sur le terrain. D'où des abus perpétrés contre les journalistes. Il insiste sur le fait que ces pratiques sont contraires aux dispositions de l'article 19 du Pacte International relatif aux droits civils et politiques. « 1. Nul ne peut être inquiété pour ses opinions.2. Toute personne a droit à la liberté d'expression; ce droit comprend la liberté de rechercher, de recevoir et de répandre des informations et des idées de toute espèce, sans considération de frontières, sous une forme orale, écrite, imprimée ou artistique, ou par tout autre moyen de son choix », prescrit le texte international. L'Articles 9 de la Charte africaine des droits de l'Homme et des peuples abonde dans le même sens. Les détails relatifs à l'application de cette disposition actée par l'organisation panafricaine sont contenus dans la Déclaration de Principes sur la liberté d'expression et l'accès à l'information. Le pointIV portant sur la liberté d'information énonce clairement : « 2.Le droit à l'information doit être garanti par la loi, conformément aux principes suivants :toute personne a le droit d'accéder à l'information détenue par les organes publics; toute personne a le droit d'accéder à l'information détenue par les organes privés et qui est nécessaire à l'exercice ou à la protection de tout droit ;tout refus de communiquer une information doit être sujet à un recours auprès d'un organe indépendant et/ou des tribunaux. »

Une disposition qui cadre bien avec les intentions de l'un des quatre journalistes cités. Il dément le discours accusateur du sous-préfet de Nkongsamba 2eme et menace de saisir la justice. A travers un post via sa page sur le réseau social « Facebook » et intitulé « droit de réponse », le journaliste soutient avoir appris « avec grande stupéfaction » l'interdiction de couvertures médiatiques publiques dont lui et certains de ses confrères sont concernés au niveau de l'arrondissement de Nkongsamba 2eme. « Quant à ce qui me concerne personnellement, je voudrais dire sans ambages, que je ne me reconnais pas dans ces accusations diffamatoires soulevées par le sous-préfet du 2e arrondissement de Nkongsamba. Je n'ai jamais eu d'altercations, ni hier ni aujourd'hui avec ce dernier. Au contraire, j'ai fait une sortie ce mardi 30 août 2022 intitulé [OPINION] pour défendre l'image de ce championnat et de l'institution de la mairie 2e. Toutefois, je me réserve le droit d'engager des procédures judiciaires visant à rétablir mon honorabilité », conclut-il.

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