Sénégal: [Marche vers Pâques] Sur les lèvres du Prêtre - Notre Prière

31 Mars 2023

La vie dans l'esprit à laquelle Saint Paul nous convie en nous invitant à nous départir des convoitises de la chair est un défi à la fois redoutable et salutaire pour la liberté humaine, surtout en ce temps de carême où le Malin nous met en bute à toutes sortes de tentations.

Pour y arriver, avec la grâce de Dieu, nous devons d'abord nous convaincre que l'ennemi le plus redoutable est en nous, qu'il fouette, avec une subtilité déconcertante, nos penchants mauvais les plus primitifs pour nous entrainer loin de nos frères et loin de Dieu.

Il nous faut par conséquent revenir à Dieu de tout notre coeur par le jeûne, l'aumône et la prière, comme nous y invite la sainte Eglise en ce temps béni de carême, en ouvrant toutes les portes de notre être à la miséricorde divine, mais également en faisant la paix avec nous-mêmes, avec nos frères et soeurs et surtout avec Dieu.

Cette triple relation trouve son expression la plus éloquente dans les dynamiques de pardon et de réconciliation, omniprésentes dans notre marche commune vers Pâques. En effet, nous vivons en société, et il n'est pas besoin d'être fin psychologue pour nous rendre compte que nos refus d'aimer et nos soifs de vengeance sont souvent tenaces parce que nous n'avons pas fini de faire la paix avec nous-mêmes pour nous regarder chaque matin devant la glace de Dieu en débiteurs invétérés de sa miséricorde.

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Comme dans la parabole du serviteur impitoyable devant celui qui lui devait moins que ce qu'il devait, lui, à son maitre créancier, nous présentons souvent cette hideuse face du parfait dévot drapé d'une hypocrisie répugnante et qui se refuse à pardonner, jetant aussi facilement qu'injustement l'anathème sur l'autre, victime innocente sur qui nous débitons toutes sortes de méchancetés, avec une volonté morbide et revancharde de nuire.

Pourtant, il faut bien convenir que le pardon et la réconciliation sont parmi les interpellations du carême chrétien dont la mise en oeuvre pratique donne à notre désir de conversion toute sa consistance axiologique. Le pardon qui prédispose à la réconciliation est une valeur chrétienne éminente, surhumaine diraient certains, mais libératrice pour soi et pour la communauté de foi que nous constituons.

Pardonner soixante-dix fois sept fois, selon la célèbre métaphore du Christ que notre intelligence et sagesse de chrétiens nous commandent de ne pas prendre au pied de la lettre, c'est en définitive s'inscrire dans une dynamique de renouveau spirituel. C'est aussi et surtout libérer son coeur de tout ce qui peut empêcher de rencontrer son frère ou sa soeur dans la vérité de l'amour et de jouir de la tendresse d'un Dieu ...prodigue, qui nous couvre de baisers chaque fois que nous prenons conscience de notre péché et de notre indignité filiale pour revenir à lui de tout notre coeur !

Du reste, douter de l'incommensurable capacité de Dieu à pardonner nos fautes, même les plus graves, c'est commettre un péché impardonnable, un péché contre l'esprit ! Dieu, le Dieu de Jésus-Christ, confessons-le avec force sous toutes les latitudes, est au-delà de nos catégories humaines et se passe bien volontiers de notre code pénal qui nous offre, au prétoire des accusations fratricides, une palette de chefs d'inculpation pour charger celui ou celle dont la posture attend certainement plus notre pardon qu'autre chose !

Le pardon et la réconciliation sont donc au coeur de la liturgie pénitentielle de l'église et du message évangélique en ce temps de carême, ce kairos qui nous est donné comme une chance pour restaurer notre relation avec Dieu et avec le prochain. Celle-ci est, hélas, régulièrement fragmentée ou abimée par le péché, la boulimie du pouvoir, l'idolâtrie, le fétichisme intellectuel, le mensonge, la méchanceté gratuite, la sottise tyrannique ou encore cette violence qui s'origine du coeur pour déborder, tel un vase, sur le tissu social tuméfié...

Devant cette situation, la prière de l'Eglise, placée sur les lèvres du prêtre, oint de Dieu et intendant des mystères sacrés, se fait unanime et plus forte que les démons de nos divisions : Oui, c'est à toi, Seigneur, que nous le devons, si le désir de s'entendre l'emporte sur la guerre, si la soif de vengeance fait place au pardon, et si l'amour triomphe de la haine.

Cette prière de la préface eucharistique II sur la réconciliation que nous reprenons en frémissant fait en réalité écho à la béatitude de la miséricorde en même temps qu'elle explicite le noeud du Pater, la prière chrétienne par excellence, où nous demandons à être pardonnés comme nous pardonnons aussi à ceux qui nous ont offensés.

Daigne, Marie, Notre- Dame des Béatitudes, fortifier nos pas sur le chemin de la réconciliation véritable et féconder l'oeuvre de tous ceux qui travaillent à ce que la purification de la mémoire se pose en « vigie pour le présent et l'avenir de l'Eglise ». (Mgr MINNERATH).

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