Cote d'Ivoire: Métamorphose obligatoire

Descente musclée et pillage de cité universitaire, bagarre avec d'autres étudiants, perturbation des activités académiques, outrage aux enseignants, prélèvement de taxes sur les activités commerciales, sous-location des chambres des cités universitaires ...

La liste des méfaits de la redoutée Fédération estudiantine et scolaire de Côte d'Ivoire (FESCI) ne cesse de s'allonger. Et la situation devient de plus en plus préoccupante, d'autant que le mouvement a renoué avec ses vieux démons : la violence, la persécution, l'intimidation...

Bref, alors qu'on croyait sa page sombre tournée, revoilà l'hydre FESCI comme du temps de la gouvernance Gbagbo où cette organisation s'était muée en une vraie milice qui semait la terreur sur le campus de l'Université Félix Houphouët-Boigny et dans les cités universitaires.

Les récents événements confirment, si besoin en était, que la FESCI a repris ses mauvaises habitudes et règne, à nouveau, en oppresseur sur l'espace universitaire. C'est elle qui décide, par la force et la violence, de tout et impose sa loi à tout le monde, y compris aux dirigeants des structures universitaires. Elle violente les étudiants et s'adonne à des actes de vandalisme. Et, personne ne bronche, ni la présidence de l'Université, ni la tutelle qui restent muettes face à cette impensable situation. Une timidité inacceptable qui frise même - excusez du peu - la connivence passive.

En effet, en s'enfermant dans le silence, ceux qui sont chargés de veiller à la bonne marche du milieu universitaire et d'y instaurer la discipline donnent implicitement un blanc-seing à la FESCI pour commettre impunément des exactions et des agressions contre, en général, des étudiants. Car, cette FESCI-là fait tout, sauf défendre les intérêts des étudiants ou encore de ses supposés membres. Ce qui la préoccupe et cristallise l'essentiel de son énergie, c'est de faire prospérer son business sur le campus et dans les cités universitaires : accaparement des chambres qui sont sous-louées à prix d'or à des personnes qui n'en ont pas droit, imposition de taxes sur les activités commerciales (impression et reprographie de documents, commerce et restauration...). Plus grave, elle étouffe la liberté syndicale sur le campus. Autrement dit, les activités des autres associations d'étudiants doivent être soumises à l'autorisation de la FESCI ; laquelle est elle-même conditionnée à paiement de frais. Et ceux qui refusent de se soumettre à cette règle inique ne reposant sur aucune disposition légale et qui s'apparente clairement à du brigandage, sont pris en partie par les fescistes.

Ce diktat est effarant, à la limite révoltant, surtout sous le régime du Président Alassane Ouattara, qui est profondément attaché à l'Etat de droit et à l'avènement d'un Ivoirien nouveau avec son corolaire de comportements citoyens et de discipline. D'ailleurs, depuis son accession à la magistrature suprême du pays, il ne ménage aucun effort pour faire respecter le fonctionnement normal des Institutions de la République avec la plus grande rigueur et redonner à l'Enseignement supérieur ses lettres de noblesse. Fermer les yeux sur les agissements de la FESCI, c'est justement saper les efforts du chef de l'Etat, et, avouons-le, vouer sa mission à l'échec. Ce qui est, de toute évidence, inadmissible. C'est pourquoi, il faut immédiatement mettre le holà aux dérives de cette organisation, qui ne doivent plus être tolérées encore moins rester impunies. Avant que l'irréparable ne se reproduise, comme sous les anciens régimes où des étudiants ont été séquestrés, torturés et même tués, comme ce fut le cas de Habib Dodo en juin 2004.

Il appartient donc à l'Etat et à sa force publique de mettre, sans plus tarder, les responsables de la FESCI devant leurs responsabilités. Soit, ils s'engagent à faire la mue de leur mouvement, en extirpant de ses rangs les brebis galeuses, pour devenir une vraie organisation syndicale qui milite pour l'amélioration des conditions de vie des élèves et des étudiants, soit, elle subit la rigueur de la loi pour les actes répréhensibles commis. «Un crime n'est véritablement un chef-d'oeuvre que si l'auteur reste impuni», disait le poète et romancier français Jean Richepin. En un peu plus de trois décennies d'existence, la FESCI a assez posé d'actes blâmables. Il est temps de sonner la fin de la récréation, pour la paix et la stabilité du monde universitaire, mais surtout pour la qualité de la formation des étudiants, futures élites du pays. Dans nos universités, il règne des personnes aux surnoms plutôt évocateurs : Django, Highlander, Le loup, Fongnon, Faucon...La force et les muscles semblent avoir pris le pas sur l'intellect. Bien loin le moment où les exemples des étudiants se surnommaient Césaire, Senghor, Pythagore, Molière, Anta Diop ou Dadié... La cause n'est pas perdue pour autant, si l'Etat décide, enfin, de prendre toutes ses responsabilités.

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