Le Conseil oecuménique des églises chrétiennes de Madagascar fait écho aux revendications d'une frange de la classe politique et de la société civile. Le FFKM roule aussi pour l'amélioration du cadre juridique des élections.
La vérité. Ce principe est souligné à plusieurs reprises dans la déclaration du Conseil oecuménique des églises chrétiennes de Madagascar (FFKM), lue devant une poignée de journalistes, à Ilafy, hier. La vérité, conjuguée à la transparence pour motiver son plaidoyer pour "une amélioration", du cadre juridique des élections.
S'adressant aux responsables des préparatifs électoraux, l'Église "encourage à voir comment procéder à l'amélioration des lois électorales, pour des élections qui reflètent la vérité, des élections propres et transparentes". Le FFKM l'a déjà affirmé. Il sera sur tous les fronts s'agissant du processus électoral. Dans sa déclaration d'hier, il en appelle ses membres et ses démembrements à s'engager activement dans le suivi et l'observation de l'organisation du processus électoral, que ce soit avant, pendant et après le vote.
Dans un dépliant distribué, hier, le FFKM soutient ainsi, "il est de notre devoir de nous lever pour notre nation. À nous d'être exigeant sur le processus électoral à venir. (...) Prenez les responsabilités qui vous correspondent afin qu'elles se concrétisent réellement pour le bien de notre patrie commune". Un engagement dans le cadre de l'ANDRIMASO - FFKM. C'est aussi dans cette optique, probablement, que le Conseil oecuménique abonde dans l'idée qu'une amélioration du cadre légal des élections s'impose.
La révision des lois électorales est une étape avant la présidentielle qu'exige une partie de la classe politique et de la société civile. À l'issue d'un atelier à Antaninarenina, le 23 mars, certaines de ces dernières ont pris les devants. Elles comptent présenter une proposition de loi modifiant la loi organique sur le régime général des élections et des référendums, à la prochaine session ordinaire du Parlement. Le plafonnement des fonds de campagne est un des objectifs.
Quelle finalité?
Toujours dans cet appel à un engagement électoral, le FFKM s'adresse aux citoyens et martèle la mobilisation pour une inscription dans la liste électorale. La déclaration du Conseil oecuménique d'hier, conclut les réunions préliminaires de "la concertation élargie pour la reconstruction nationale", qui a duré trois jours, à Ilafy.
Les travaux durant ces réunions préliminaires ont été conduits, en personne, par les quatre chefs des églises du Conseil oecuménique. La suite des préparatifs de la concertation élargie à laquelle le FFKM compte "inviter les enfants de l'église", se tiendra au niveau des trente-cinq régions de l'Église fin mai et début hui. Le grand rendez-vous est prévu à Antananarivo, du 31 août au 2 septembre. Jusqu'ici, une question reste toutefois sans réponse. Concrètement, quelle est la finalité de cette initiative de l'Église?
La traduction libre du thème de la réunion préliminaire d'Ilafy est: "Églises en accord pour raviver l'oecuménisme et construire une nation ordonnée". Au regard de la déclaration d'hier, la première étape à Ilafy, suivie de celle des rendez-vous de mai et juin consiste à redynamiser les démembrements du FFKM dans ses trente-cinq régions. Ceci dans l'optique de mettre en place de l'ANDRIMASO - FFKM. Mais aussi pour appuyer, voire légitimer la concertation élargie de août et septembre. Surtout ce qui en découlera.
Franc, un participant aux réunions préliminaires d'Ilafy concède qu'au final, il y aura des décisions ou des résolutions qui seront prises à l'issue de la concertation élargie. "Autant au sein du pouvoir, que dans l'opposition, plusieurs acteurs politiques sont des enfants des églises au sein du FFKM. L'Église en appelle à ses enfants. Nous espérons que tous ses enfants répondront à cet appel. Il y aura des résolutions à prendre dans cet objectif de reconstruction nationale", explique-t-il.
La source reconnaît néanmoins que même s'il s'agit d'une initiative de l'Église, ce sera une décision politique, prise par les autorités politiques qui donneront force exécutoire aux décisions ou résolutions prises. Jusqu'ici, l'État garde ses distances vis-à-vis de l'initiative du FFKM. Le pouvoir n'a pas été présent au culte de lancement des réunions d'Ilafy, le 29 mars, par exemple. Mobiliser l'ensemble des démembrements du Conseil oecumé- nique pourrait être un moyen d'amener les décideurs étatiques à adhérer au processus.
Le Conseil oecuménique souhaiterait que les décisions pour la reconstruction nationale soient actées avant la présidentielle. Pour que cette élection en soit le catalyseur. Le pasteur Ammi Irako Andriamahazosoa, président du FFKM en a touché mot devant l'ensemble du gotha politique lors de la concertation multi-acteurs organisée par la Commission électorale nationale indépendante (CENI), le 24 mars. "(...) Cela m'attristerait, si nous Malgaches, ne parvenons pas à trouver une solution à nos problèmes dans un esprit de vérité. Puisque, seule la vérité nous permettra de sauver notre nation", a-t-il déclaré.