Ile Maurice: Ronan Danzé - «Les investisseurs étrangers doivent être protégés !»

Par les coupures de presse et votre combat dans l'affaire BAI, votre situation en tant qu'investisseur étranger à Maurice est désormais du domaine public. Parlez-nous de votre expérience ?

J'ai investi dans le groupe BAI, l'un des plus importants groupes de l'île, en 2015. Malheureusement, le groupe a été démantelé peu de temps après, et j'ai demandé le remboursement de mes investissements auprès de l'organisme d'État, le National Property Fund Limited (NPFL). Cependant, mon dossier a été envoyé à la Financial Intelligence Unit (FIU), où il a été abandonné pendant sept ans sans aucune réponse.

Cela doit être très frustrant pour vous...

En effet, j'étais très frustré. J'ai essayé de contacter différentes institutions et personnes pour obtenir des réponses, j'ai aussi écrit une lettre ouverte au Premier ministre Pravind Jugnauth, mais je n'ai pas eu de chance. J'ai également signalé de graves manquements des agences de l'État à l'Independent Commission Against Corruption (ICAC) à deux reprises en 2017, mais je n'ai pas reçu de réponse satisfaisante.

En mai 2017, vous avez pris part à une grève de la faim aux côtés d'autres investisseurs. Comment cette grève s'est-elle terminée ?

Nous avons décidé d'y mettre fin après avoir obtenu l'assurance du Premier ministre Pravind Jugnauth que l'aide de l'Inde serait sollicitée pour un remboursement intégral de nos investissements.

Tous les grévistes ont-ils été remboursés après la grève ?

En juin 2017, tous les grévistes mauriciens ont reçu une partie de leur investissement mais pas un remboursement intégral. J'étais le seul étranger à participer à cette grève et je suis également le seul à ne pas avoir été remboursé.

Qu'en est-il de la proposition de remboursement non-négociable de seulement 35 % du capital investi qui vous a été faite en mars 2022 ?

Cette proposition est choquante et inacceptable. Elle ne prend pas en compte le grave préjudice financier et moral subi par ma famille et moi-même. De plus, tous les autres investisseurs mauriciens de ma catégorie, «One Person Company (OPC)», ont été remboursés à hauteur de 80 % en 2016, ce qui montre clairement une discrimination envers les investisseurs étrangers.

Que pensez-vous du traitement de votre dossier par les institutions mauriciennes ?

Je pense que c'est inacceptable. J'ai été traité de manière injuste par les institutions régulatrices, et je n'ai jamais été informé de la raison pour laquelle mon dossier avait été envoyé à la FIU.

Pensez-vous que votre situation reflète un manque de respect des droits des investisseurs étrangers par l'État mauricien et ses institutions régulatrices ?

Absolument. Mon cas met en lumière le manque de respect des droits des investisseurs étrangers par l'État mauricien et ses institutions régulatrices. Malgré les protections accordées aux investisseurs étrangers à Maurice, j'ai été confronté à de nombreux obstacles et injustices dans le cadre de mes investissements. Le fait que mon dossier ait été envoyé à l'institution régulatrice pendant sept ans sans aucune réponse est particulièrement préoccupant. Il est également troublant que mes investissements aient été approuvés seulement deux semaines avant que l'État mauricien ne prenne le contrôle du groupe BAI, après les retraits massifs des institutions étatiques et la fermeture des comptes bancaires de plusieurs membres du gouvernement. Cela soulève des questions sur les motivations de l'État mauricien et de ses institutions régulatrices dans le traitement de cette affaire.

«Il est clair que les investisseurs étrangers ne sont pas protégés de la même manière que les investisseurs mauriciens, et cela peut avoir un impact négatif sur la réputation de l'île.»

Pensez-vous que votre cas est isolé, ou pensez-vous que d'autres investisseurs étrangers ont été/sont confrontés à des situations similaires ?

Malheureusement, mon cas n'est pas isolé. J'ai été en contact avec d'autres investisseurs étrangers qui ont également rencontré des difficultés dans le traitement de leurs demandes de remboursement à Maurice. Il est clair que les investisseurs étrangers ne sont pas protégés de la même manière que les investisseurs mauriciens, et cela peut avoir un impact négatif sur la réputation de l'île.

Pour conclure, quel est votre message à l'État mauricien et à ses institutions régulatrices ?

Mon message est simple : il est temps d'agir. Les investisseurs étrangers doivent être protégés et leurs droits doivent être respectés. L'État mauricien doit garantir une justice équitable et une transparence totale dans les décisions prises par ses institutions régulatrices. Il est important que les investisseurs étrangers aient confiance dans le système juridique mauricien et dans ses processus de traitement des demandes de remboursement des investissements. Si cela n'est pas fait, cela peut avoir des conséquences négatives sur la réputation de l'île Maurice en tant que destination d'investissement.

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