Sauf changement de dernière heure, c'est ce 30 mars 2023 qu'aura lieu le 7ème congrès extraordinaire (CE) du Parti démocratique de Côte d'Ivoire (PDCI).
Suite aux quiproquos survenus entre le vice-président Niamien N'Goran et le secrétaire exécutif en chef Maurice Kakou Guikahué, sur la date de la tenue de ce congrès initialement fixée au 25 mars, Henri Konan Bédié, président du parti, s'est vu obligé de trancher. Maurice Guikahué dénonçait la forme de cette convocation du congrès par le vice-président. C'est donc la date du 30 mars qui a finalement été retenue par le président Bédié. N'empêche que c'est un parti très divisé qui ira à ce rendez-vous qui n'a pas l'assentiment de tous les militants.
En effet, d'aucuns estiment que le congrès extraordinaire n'est pas une priorité. D'autant plus que, argumentent-ils, un seul point est inscrit à l'ordre du jour. Il s'agit de la révision de l'article 54, qui pourrait donner la possibilité au congrès de nommer plus ou moins de membres au Bureau politique (BP). En d'autres termes, de régler un problème d'effectif de cet important organe. Pour ceux qui s'opposent à un congrès extraordinaire, par parallélisme des formes, le président du parti aurait pu depuis sa résidence de Daoukro ou d'Abidjan prendre son stylo et extirper de la liste ceux qui ne méritaient pas d'y figurer. Et cela, après avoir gonflé selon son bon vouloir le nombre de membres du Bureau politique.
En réalité, selon des sources fiables au sein du parti, le congrès extraordinaire du 30 mars n'est qu'un congrès extraordinaire à la gloire personnelle du natif de Dadiékro. Une occasion pour Bédié de reprendre en main l'appareil de sa formation politique. Car de multiples évènements, ces derniers mois, ont fini par laisser apparaitre un sérieux effritement de l'autorité du Sphinx de Daoukro. Pour remettre les choses dans le sens qui pourrait lui être favorable, l'ancien chef de l'Etat, si on en croit certaines indiscrétions, s'apprêterait à couper des têtes. Et le congrès extraordinaire obtenu au forceps pourrait constituer l'occasion rêvée pour l'homme de faire le ménage au sein de cette instance.
On lui prête l'intention de régler des comptes à certains militants qui ont rejoint le RHDP au détriment de son parti à la suite de son départ de ce groupement politique en 2018. Depuis que le Sphinx de Daoukro a claqué la porte du parti présidentiel sans raison valable, c'est la saignée. Plusieurs membres du Bureau politique ont quitté le navire. Ils déplorent le manque de vision et de visibilité. Sans compter les guerres de positionnement qui pourrissent l'atmosphère à l'intérieur de l'appareil et ont fini par le plomber. À cause de cette ambiance malsaine, beaucoup sont partis vers des destinations où la météo est beaucoup plus clémente et où ils peuvent envisager l'avenir avec plus de sérénité. Ce qui n'est pas le cas en ce moment dans le parti doyen.
À l'opposé de Bédié et certains de ses suiveurs, il y a ceux qui estiment que les querelles byzantines ne sont pas la priorité. Pour eux, la priorité, ce sont les élections locales à venir et la présidentielle de 2025. Ils exigent donc hic et nunc la tenue du 13ème congrès ordinaire qui a été annoncé depuis 2020. Car c'est à cette instance que seront définies les axes stratégiques et l'organisation du parti pour aller à la conquête électorale. De façon simple, le Congrès ordinaire va dissoudre toutes les structures existantes depuis le 12ème Congrès de 2013. Cette perspective n'enchante donc pas certains notamment ceux qui tiennent actuellement les commandes. À commencer par Bédié lui-même. Quoiqu'il soit l'unique candidat, Henri Konan Bédié n'est pas du tout serein.
Car au sein de l'organisation, de plus en plus de voix s'élèvent pour qu'il soit mis à l'écart. À défaut, que son influence soit réduite en faisant de lui le « président d'honneur ». C'est pourquoi les pro- congrès considèrent le CE comme un subterfuge. Une fuite en avant. En ce sens qu'en repoussant sans cesse le CO, il s'agit pour eux de mettre les militants devant le fait accompli. Ils n'hésitent pas à parler de ruse. Malheureusement l'on s'achemine vers le scenario que les pro- CO redoutent tant. À savoir être pris de court. Il ne faut pas se leurrer.
Organiser le Congrès en 2023 n'est pas chose évidente. Les élections locales et sénatoriales se tiennent cette année. Des échéances à laquelle le parti consacre d'ailleurs tout son temps et toutes ses énergies. Dans ces circonstances on ira allègrement vers 2024. Dans ces conditions, nous serons à la veille de l'élection présidentielle de 2025. Qui sait ce que Bédié et ses hommes leur réservent encore? Cependant ces derniers n'ont pas dit leur dernier mot. Certains ont confirmé leur participation. » La politique de la chaise vide ne paie pas. On y sera pour peser de tout notre poids sur la rencontre », confie un cadre.