Donald Trump, le premier ancien président de l'histoire américaine à être inculpé au pénal. La décision du grand jury de Manhattan dans l'affaire de l'achat du silence de la star du porno Stormy Daniels est sans précédent et provoque de nombreuses réactions.
Quelques minutes après son inculpation au pénal, avec un refrain désormais bien connu, l'ancien président a dénoncé « une chasse aux sorcières », rapporte notre correspondant à Miami, David Thomson. Il se dit « complètement innocent », victime d'une « persécution politique » lancée le jour de sa première candidature à la présidentielle par les démocrates.
Un discours qui trouve un fort écho à droite. Sans surprise, les républicains font bloc derrière l'ancien président, jeudi 30 mars, rapporte notre correspondant à Washington, Guillaume Naudin. Il faut dire qu'il aspire à le redevenir avec le soutien d'une bonne partie des électeurs conservateurs.
Le président de la Chambre des représentants, Kevin MacCarthy, qui doit son fauteuil aux élus trumpistes, promet de faire assumer ses responsabilités au procureur Alvin Bragg. L'ancien vice-président Mike Pence, menacé le 6 janvier 2021 par les partisans de Donald Trump, dénonce un scandale. Même le candidat pressenti à l'investiture républicaine pour la présidentielle de 2024, Ron DeSantis, promet, en sa qualité de gouverneur de la Floride, État de résidence de Donald Trump, de ne pas faciliter son éventuelle extradition vers l'État de New York.
Et pour son fils Don Junior, au discours souvent outrancier, cette inculpation viserait uniquement à empêcher son père de se présenter à nouveau. « Soyons clairs les gars : c'est un truc digne des communistes, a-t-il lancé. C'est un truc qui ferait rougir Mao, Staline, Pol Pot. »
« Il n'a pas encore les menottes aux poignets »
Chez les démocrates, c'est au contraire la satisfaction. Le président de la défunte commission spéciale du 6-Janvier, Bennie Thompson, explique que personne n'est au-dessus des lois.
À New York, où le milliardaire n'est pas très populaire, la nouvelle a été saluée comme une victoire de la justice, même si la ville a renforcé la sécurité, dans l'hypothèse de manifestations violentes. « J'attends cela depuis tellement d'années. Je suis heureux de voir que personne, pas même un ancien président, n'est au-dessus des lois », réagit un New-Yorkais, au micro de notre correspondante Loubna Anaki. Après l'annonce de l'inculpation de Donald Trump, il est venu par curiosité devant la Trump Tower, à Manhattan, jeudi soir. « Je pense qu'il était temps qu'il y ait enfin quelque chose d'officiel qui dise qu'il a mal agi », abonde une femme. « J'ai encore un peu de mal à y croire, même si on s'y attendait. C'est un grand jour pour l'Amérique et notre démocratie ! », se réjouit un autre.
Mais dans cette ville traditionnellement démocrate, beaucoup se montrent prudents, voire sceptiques quant à la suite de la procédure. « Il n'a pas encore les menottes aux poignets... Mais j'espère qu'il les aura, qu'il répondra bien de ses actes », souligne l'un des badauds.
La Maison Blanche garde le silence. Joe Biden ne manque jamais une occasion de défendre l'indépendance de la justice. Et surtout, alors qu'il prépare une candidature à un nouveau mandat, il reste prudent. C'est que les conséquences politiques de cette décision sont encore difficiles à mesurer.
À en croire ses avocats, Donald Trump pourrait se rendre à la justice new-yorkaise dès mardi. Une reddition à laquelle la police de la ville se prépare depuis plusieurs jours pour éviter tous débordements. Les 36 000 policiers du NYPD ont reçu l'ordre de se présenter ce vendredi à leurs postes.