Mali: L'expert indépendant sur les droits de l'homme Alioune Tine «préoccupé» par la situation au Mali

Attaques jihadistes, allégations d'exactions de l'armée et restriction des libertés civiques : tout cela préoccupe le Sénégalais Alioune Tine, mandaté par l'ONU. Le gouvernement malien dénonce quant à lui un rapport « à charge ».

L'expert indépendant sur les droits de l'homme au Mali mandaté par les Nations unies, le Sénégalais Alioune Tine, a présenté vendredi son rapport annuel devant le Conseil des droits de l'homme de l'ONU à Genève, en présence des ministres maliens des Affaires étrangères, Abdoulaye Diop, et de la Justice, Mahamadou Kassogué.

1277 civils tués en 2022, c'est une augmentation de 118% par rapport à l'année précédente. Alioune Tine pointe la responsabilité première des jihadistes liés à Al-Qaïda ou au groupe État islamique, mais s'inquiète également des allégations d'exactions portées contre l'armée malienne et les mercenaires russes de Wagner, nommément cités.

S'il appelle à lutter contre l'impunité, l'expert des droits humains relève des « avancées réelles » de la part des autorités maliennes de transition.

« Je note la condamnation de plusieurs personnes pour des crimes liés à l'esclavage par ascendance. C'est quand même une première au Mali. J'encourage les autorités maliennes à accélérer leurs efforts afin de juger les auteurs présumés d'autres atteintes graves aux droits humains. Cela fait une année que plusieurs civils auraient été tués lors d'une opération menée par les forces maliennes accompagnées de personnels militaires russes dans le village de Moura. »

Mais le ministre malien de la Justice, Mahamadou Kassogué, dénonce un rapport « à charge », qui ne « tient pas compte des nombreux efforts » de Bamako pour les droits humains et contre l'impunité. « L'engagement est résolu du gouvernement de faire l'objet d'aucune faille, a-t-il répliqué. Nos actions en faveur du respect des droits de l'homme ne sont entravées que par des contraintes objectives, dont la nature complexe du terrorisme auquel mon pays fait face. Les poursuites sont systématiquement engagées chaque fois que des allégations crédibles de violations des droits de l'homme sont portées à la connaissance des autorités judiciaires compétentes. »

L'expert mandaté par les Nations unies recommande l'ouverture par la Cour pénale internationale d'enquêtes sur les crimes commis au Mali.

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