«Une décision de justice est toujours commentée mais de mon point de vue, ce verdict est un verdict d'apaisement parce que nous avons une situation politique et sociale très tendue depuis presque deux ans au Sénégal.
Le pays est à l'arrêt. Les gens ne travaillent plus convenablement. Nos enfants ne vont plus à l'école normalement. Je crois que ce verdict va dans le sens de la paix sociale. C'est un verdict dont il faut aussi tirer les leçons. La première leçon, c'est qu'il y a deux personnalités politiques : le président de Pastef Ousmane Sonko, leader de l'opposition qui était opposé à Mame Mbaye Niang ministre du Tourisme à propos de l'affaire PRODAC. La justice a décidé de condamner Ousmane Sonko à deux mois avec sursis assortis d'une amende de 200 millions mais M. Ousmane Sonko ne perd pas ses droits.
Ce qui veut dire qu'il reste en course. Il reste dans la compétition. Ça, c'est le premier enseignement. Le deuxième enseignement de mon point de vue, ce verdict, c'est aussi la défaite des faucons du Palais qui se trouvent dans d'autres sphères qui pensaient que dans cette affaire, Ousmane Sonko allait être condamné et privé de ses droits. Donc, ces faucons-là ont perdu aujourd'hui une bataille. Est-ce qu'ils ont perdu la guerre ? La question reste posée. L'autre enseignement et pour moi qui est l'enseignement majeur, c'est au niveau du Président de la République. Le Président de la République doit ouvrir le jeu démocratique».
«Le Président Macky Sall doit renoncer à ce projet de 3e mandat»
«Il doit libérer davantage l'espace politique en permettant aux sénégalaises et aux sénégalais qui ont des aspirations, une vision pour ce pays de pouvoir participer à l'animation du jeu démocratique et de pouvoir participer à la compétition électorale. Et l'autre enseignement, c'est que je crois très sincèrement que le Président de la République, s'il en a l'intention, doit renoncer à ce projet de 3ème mandat qu'on lui prête parce que il y a va de la paix sociale, du fonctionnement normal des institutions parce que le Président de la République a tout simplement, à plusieurs reprises, donné sa parole et sa parole est importante. Sa parole est sacrée. Sa parole compte. Sa parole pèse. Moralement, la parole donnée est quelque chose d'essentiel au Sénégal et je crois que c'est un des enseignements majeurs de mon point de vue qu'il faudra tirer de ce verdict dans l'affaire qui a opposé Mame Mbaye Niang et Ousmane Sonko».
«Vouloir verrouiller ce jeu démocratique, c'est exposer le pays à des tensions»
«C'est un verdict qui a des conséquences sur le jeu politique parce que tout simplement quand on est en démocratie, il faut permettre l'expression libre des citoyens. Il faut aussi surtout permettre à ceux et celles qui ont des ambitions, de pouvoir s'adresser aux sénégalais parce qu'en fin de compte, ce sont les sénégalais qui doivent décider, choisir puisque nous parlons de l'élection présidentielle de 2024 leur Président de la République en toute liberté, en toute démocratie et en toute transparence. Vouloir verrouiller ce jeu démocratique, c'est exposer le pays à des tensions. Et verrouiller le jeu démocratique, c'est déjà dans le camp du pouvoir aujourd'hui, on voit qu'il n'y a aucune tête pratiquement qui émerge et à un moment donné, quand on a pensé que oui il y a avait un certain nombre de personnalités qui avaient le profil, nous avons vu ce qui s'est passé.
Les personnalités ont été isolées politiquement et du côté de l'opposition, il faut le reconnaitre, un certain nombre d'identités remarquables ont été écartées du jeu politique par des condamnations et je ne suis pas en train de dire que la justice ne doit pas faire son travail. Je ne suis pas en train de dire que quand quelqu'un commet une faute, il ne doit pas être jugé et condamné. Au contraire, il n'y a aucune personne au Sénégal qui doit être au-dessus de la loi et de la justice, je suis en train de parler d'un certain nombre de principes qu'exige le jeu démocratique et ce que le jeu démocratique exige, c'est qu'il y ait une compétition».