Ile Maurice: Gel de ses avoirs - Sherry Singh se dit «persécuté»

L'ancien CEO de Mauritius Telecom et fondateur de One Moris, Sherry Singh, a évoqué le gel de ses avoirs par la Financial Intelligence Unit (FIU) lors d'une conférence de presse, hier. Il a parlé des nombreuses persécutions dont sa femme et lui font l'objet depuis qu'il a exposé au grand jour l'affaire «sniffing» et posé plusieurs questions pertinentes.

Le «timing» fait tiquer... Sherry Singh a d'abord parlé du «timing» du gel de ses avoirs. «Personnellement, je n'ai pas regardé mais on m'a dit que la Mauritius Broadcasting Corporation (MBC) a traité ce sujet en long et en large deux jours de suite. Quand je regarde le timing, je pense que c'est une façon de faire oublier l'épisode Franklin mais il y a aussi l'affaire de bribe où un ministre a donné un terrain à bail pour la tenue de rave parties à GrandBassin. Maintenant, j'entends dire qu'avant que le bail ne soit octroyé, il y a eu un Black Label Party là-bas en présence de deux ministres. C'est incroyable.»

L'ancien CEO de Mauritius Telecom (MT) a mis en exergue la progression à une vitesse extraordinaire de One Moris. «Peut-être que cela leur fait peur.» Puis, dit-il, il y a deux façons de s'attaquer à une personne, l'une, c'est «tous so pos» pour qu'elle ne puisse pas avancer financièrement. «C'est peut-être cela l'intention derrière. À chaque fois que nous pensons que ce gouvernement est arrivé à son niveau le plus bas, il fouille un peu plus, pour vous montrer qu'il n'y a pas de limite à sa bassesse. Il est le champion pour bafouer les principes fondamentaux d'une démocratie et l'utilisation des institutions à des fins politiques.» Selon Sherry Singh, ce gouvernement essaie systématiquement de paralyser ses adversaires politiques, que ce soit dans le cas de Navin Ramgoolam, Xavier-Luc Duval, son fils Adrien Duval, Roshi Bhadain et même Linion Pep Morisien... et, bien sûr, Bruneau Laurette et lui-même. «Pa sipozé ena otan vanzans.»

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«Ce qui m'étonne c'est qu'il y avait un ministre qui était dans un terrain où il y a eu une 'rave party', où Rs 4 millions ont été mises sur la table, où un cerf a été de plus donné en cadeau et où le ministre a passé la nuit sur les lieux en bonne compagnie. Ça, c'est intriguant. Pourquoi il n'y a pas eu enquête ? Pourquoi la personne qui a dénoncé cela peut aujourd'hui se retrouver comme accusé ?»

Répressions, persécutions, représailles...

Depuis qu'il a dénoncé l'affaire de «sniffing», Sherry Singh et sa femme ont reçu 20 lettres en neuf mois pour des assessments et autres de la Mauritius Revenue Authority (MRA). «Nous avons eu des assessments sur moi, sur ma femme, sur notre maison et sur toutes ses compagnies présentes et passées. Dans presque tous les cas, les assessments sont déjà complétées, incluant sur moi, ma femme et notre maison. Tous les papiers sont en règle et toutes nos sources de revenus ont été vérifiées par la MRA et cleared. Kot nou pa dakor lor tax nou finn al lor Assessment Review Committee.»

Mais ce n'est pas tout. Alors que sa femme devait voyager en août de l'année dernière pour des tests médicaux, il a reçu comme information qu'il y avait une objection to departure informelle contre sa femme et lui. Par le biais de ses avocats, il a alors demandé que cela soit vérifié avec le commissaire de police (CP). Depuis août dernier, à deux reprises, ses avocats ont écrit au CP pour des clarifications sur leurs éventuels voyages. «Mais pas de réponse.» En septembre, sa femme décide de renouveler son passeport qui était «un peu endommagé». Mais six mois après, soit en mars, le bureau des passeports l'a informée qu'il ne pourra lui retourner son passeport car il a reçu «des instructions qu'il se pourrait qu'il y ait un police case». «Ziska ler pena okenn police case kont nou.»

Ensuite, depuis des mois et des mois, tous les jours, deux fois par jour, la police fait des rondes près de son domicile à des heures étranges. Une fois le matin et dans la nuit entre 22 heures et deux heures du matin. «En guise d'intimidation. Nous avons pris des précautions. Pa koné ki planting kapav take place. Nous avons relevé toutes les informations à ce sujet.»

Et le «freezing order» ?

La première fois que Sherry Singh a entendu parlé d'un possible "freezing order" remonte à deux semaines, soit le 10 mars, quand les journaux parlaient de la liste de 23 personnes sur lesquelles la FIU enquête depuis novembre dernier. «C'était le 8 novembre, quatre jours après l'arrestation de Bruneau Laurette. Dans la liste qui a été fuitée dans la presse, il y a aussi le nom de ma fille de quatre ans. Deux semaines après, c'est à travers la MBC que nous avons pris connaissance de cette décision. Quand la FIU fait sa requête, c'est en ex parte. Mais la MBC en a déjà fait état un jour avant. Zot telman maladrwa dan Lakwizinn ki zot pe vinn ridikil... si zot ti atan inpé plis, li pa ti pou osi evidan...»

Ce n'est que jeudi dans la journée que l'ex-patron de MT a reçu la visite de l'huissier. «Il y a effectivement gel de tous mes comptes et de ceux de ma femme ainsi que de notre maison. L'enquête de la FIU est basée sur des suspicions et non sur des preuves.» Les autres biens sont aussi pour les autres personnes concernées par ce gel. Sherry Singh a aussi indiqué que One Moris continue son combat, et qu'il passera très prochainement à une contre-offensive légale avec l'aide de ses avocats sur le gel de ses avoirs. Il ajoute qu'il ne sait pas encore quels sont les arguments qui ont été utilisés par la FIU pour demander ce gel.

Cerf, ministre et Franklin

Bruneau Laurette, qui était aux cotés de Sherry Singh, a déclaré qu'il n'est pas étonné par ce qui se passe actuellement avec la FIU. «Par contre, ce qui m'étonne c'est qu'il y avait un ministre qui était dans un terrain où il y a eu une rave party, où Rs 4 millions ont été mises sur la table, où un cerf a été de plus donné en cadeau et où le ministre a passé la nuit sur les lieux en bonne compagnie. Ça, c'est intriguant. Pourquoi il n'y a pas eu enquête ? Pourquoi la personne qui a dénoncé cela peut aujourd'hui se retrouver comme accusé ? (...) Sa minis la ena enn lien direk ek Franklin lor enn dosié. Ce gouvernement fera tout pour éloigner l'attention de Franklin. Misié lé premié minis vinn prouv mwa le kontrer ki Franklin pena so rasinn dan gouvernman, vinn prouv mwa lé kontrer ki Franklin péna so lipié divan ou laport. Aret pran morisien pou inbésil.»

Le rôle d'Eshan Chady Group CEO d'Hyvec

Pourquoi avoir gelé les biens de Nawaz Khan Chady, connu comme Ehsan Chady ? En fait, ce sont les avoirs personnels du constructeur qui font l'objet de l'ordre de gel, et non ses sociétés comme Hyvec Ltd. «Un éventuel gel, surtout de tout le groupe d'Eshan Chady, aurait paralysé et causé d'énormes dégâts à notre économie», souligne un expert-comptable. Ainsi, il nous explique que les avoirs du groupe sont estimés à plusieurs millions de roupies et un éventuel gel de ces avoirs aurait provoqué d'énormes pertes et retards de paiement. «Les banques qui ont financé le groupe se seraient retrouvées en difficulté ou même en défaut de paiement venant du groupe Chady.» Pour notre interlocuteur, le gel des avoirs de tout le groupe ressemblerait à l'affaire BAI qui a, nous rappelle-t-il, coûté aux contribuables plus de Rs 40 milliards. Pour un autre interlocuteur, le gel des avoirs personnels d'Eshan Chady servirait à montrer que le constructeur, comme un proche de plusieurs ministres, n'a pas été épargné «mais personne n'est dupe car si la FIU pensait vraiment qu'il y avait des relations illicites entre Sherry Singh et Eshan Chady, tout le groupe aurait dû faire l'objet du gel».

Les questions de Sherry Singh !

·Pourquoi la première liste de FIU est sortie quatre jours après l'arrestation de Bruneau Laurette ?

·Pourquoi maintenant alors que la FIU enquête sur moi depuis 2021 ?

·Pourquoi la première demande de la FIU a été rejetée par un juge et qu'elle a refait une demande auprès d'un autre juge deux semaines après ?

·Pourquoi la FIU n'a pas eu recours à son legal advisor habituel et que ce sont d'autres juristes proches de Lakwizinn qui ont pris l'affaire en main ?

·Si la demande a été faite ex parte, pourquoi la MBC en a fait mention un jour avant ?

·Pourquoi a-t-on eu recours à la bellesoeur d'un ministre pour "fer sa travay sal la" ?

·S'il y a des preuves d'une quelconque maldonne de ma part, pourquoi ce n'est pas spécifique ? Pourquoi a-t-il fallu mettre 11 autres personnes sous stress ? Des gens qui ne sont pas dans le domaine politique et dont les noms sont aujourd'hui dans la presse !

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