Christian Gourcuff, qui a pris sa retraite récemment, revient sur sa carrière dans un livre intitulé Christian Gourcuff, ma quête du jeu idéal. L'ancien sélectionneur de l'Algérie se remémore pour RFI son travail avec les Fennecs, d'août 2014 à avril 2016.
Nommé en juillet 2014 comme nouveau sélectionneur de l'Algérie, Christian Gourcuff avait succédé à Vahid Halilhodžić, juste après le Mondial au Brésil où les Fennecs avaient vécu un huitième de finale historique face aux Allemands, futurs champions du monde. L'ancien coach de Lorient est resté deux ans et a vécu la CAN 2015 en Guinée équatoriale où les Verts, désignés comme favoris, ont quitté la compétition au stade des quarts de finale après une défaite face à la Côte d'Ivoire. « Je garde de bons souvenirs de l'Algérie. J'ai eu de bons rapports avec les joueurs. On avait la même sensibilité par rapport au foot et cette équipe était très intéressante », dit d'emblée Christian Gourcuff.
« J'ai beaucoup apprécié Yacine Brahimi »
À l'époque, l'équipe était constituée entre autres de Riyad Mahrez, Faouzi Ghoulam, Islam Slimani, Sofiane Feghouli, Yacine Brahimi ou encore Mehdi Lacen. Christian Gourcuff a été impressionné par ces deux derniers. « J'ai beaucoup apprécié Yacine Brahimi. Il était exceptionnel sur le plan technique. Il n'a pas eu la carrière qu'il aurait dû avoir. J'ai aussi découvert Mehdi Lacen. Il était sur sa fin de carrière et je regrette de ne pas l'avoir connu avant. Il avait une intelligence incroyable », dit-il en parlant aussi d'une équipe très fraîche, qu'il avait beaucoup de plaisir à retrouver.
Mais tout n'a pas été simple pour le technicien français. « Il y a eu plein de choses qui ont dénaturé le plaisir que j'avais, se désole-t-il. Cela a affecté notre travail au quotidien et à chaque fois que le contexte ne m'a pas plu, je suis parti. Et parfois au détriment de mes intérêts. Ce n'était pas simple, il y a eu des enjeux politiques qui ont pollué beaucoup de choses. Cela m'a fatigué, il fallait arrêter ». En Algérie, le foot reste toujours un sujet épidermique, la pression est énorme sur les épaules du coach.
Et d'ajouter : « Quand j'ai signé en Algérie, en dehors du poste de sélectionneur, je devais aider la DTN [directeur technique national, ndlr] à mettre en place une politique technique, et cela m'intéressait de la faire pour un pays. C'était quelque chose que j'avais vraiment envie de faire. Mais je me suis heurté à des problèmes politiques. C'était difficile. »
Un jeu collectif évolué
Adepte du 4-4-2, Christian Gourcuff a dû composer et s'est souvent heurté à la réalité. « Les conditions étaient compliquées. Nous, nous misions sur un jeu collectif évolué et on s'est retrouvé dans des galères, car parfois les terrains ne permettaient pas de le faire, explique-t-il. On se retrouvait aussi parfois face à des joueurs qui avaient de grosses qualités athlétiques. Les conditions climatiques ont aussi beaucoup compté, et posé des problèmes pour développer ce jeu collectif. Quand les matchs internationaux avaient lieu à Blida, il y avait souvent des scores fleuves, car on avait une pelouse correcte. »
Sauf que lors des déplacements à l'extérieur lors des éliminatoires de la CAN, il y avait forcément des surprises. « On s'est retrouvé à jouer sur une pelouse stabilisée au Lesotho ou au Malawi. Je me souviens d'un match en Tanzanie où l'on ne pouvait même pas faire trois passes. Il fallait une adaptation particulière », témoigne Christian Gourcuff.
L'Algérie reste la seule expérience que l'ancien entraîneur de Nantes a connue en tant que sélectionneur. Selon lui, cela reste un travail très différent du travail en club, qui nécessite une approche différente. « Dans un championnat, un coach fédère surtout par son travail. Pour diriger une sélection nationale, il faut qu'il fédère aussi par sa personnalité pour être très vite en osmose avec les joueurs », conclut Christian Gourcuff.