Ile Maurice: Curry cerf à Grand-Bassin

Malgré tout l'argent du monde, aucun parti politique ou aucun Premier ministre ne peut gouverner une société aussi complexe que la nôtre avec 37 % de soutien populaire - c'est-à-dire avec plus de 60 % du pays contre lui.

Et puis il y a le poids des affaires successives qui rend le tout ingérable. Ces jours-ci, le gel des avoirs de Sherry Singh par la Financial Intelligence Unit - qui a tout l'air d'être un règlement de comptes politique entre ex-partenaires d'affaires (assez intimes) - n'arrive pas à déloger le «curry cerf» (viande fraîche) servi à une VVIP sur le chasse de Franklin à quelques pas du lac sacré. Tous les ingrédients sont ici réunis dans ce scandale politique : sexe, terrain de l'État, personnalité politique, trafiquant de drogue, connexions occultes, religion (Grand-Bassin), dessous de table contre permis, etc. Sauf que les socioculturels ne peuvent plus rien dire, ayant vendu leur nuisance value au Sun Trust.

Face à l'accumulation des défis économiques internationaux et locaux qui nous guettent, face au besoin de rassembler la nation après des élections haineuses, Maurice n'a pas besoin d'un gouvernement qui serait vulnérable aux chantages des socioculturels et qui passe son temps à éteindre des feux.

Signe de panique ? Le terrain glisse-t-il autant ? Hier, la voix rauque de Sarojini Jugnauth retentissait, tel un tam-tam qui rappelle ce passé lointain : mon fils est bien meilleur que «ce bandit» de Navin Ramgoolam, s'évertuait-elle à expliquer en 2019...

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Quel est l'avenir politique de Sherry Singh ? Même si sa sortie de scène au pied de la Telecom Tower relevait d'un sens aigu du marketing et de la com, il a montré ses limites par la suite. Il n'a pas su galvaniser la masse derrière lui, comme son partenaire Bruneau Laurette l'avait fait en août 2020.

Comme réplique semi-officielle du gouvernement face à la menace Singh, la ministre Kalpana Koonjoo-Shah avait tenté de déstabiliser l'ancien «Sherry» de Lakwizinn en faisant allusion à Duryodhana (NdlR: the villain of the Mahabharata), soit un prince nouveau riche qui aspire à être roi, en piétinant une amitié longue de 15 ans.

Ceux qui croyaient que Sherry Singh avait démissionné pour protéger le couple Jugnauth ont eu tort. Sherry Singh n'est pas resté tranquille, contrairement à Nando Bodha qui critique sans dossiers ou Sanjeev Ghurburrun, parti du port pour rester au PMO et aider dans l'ombre. Il est encore tôt pour prédire si Sherry Singh réussira à faire tomber le gouvernement mais gageons que si le PTr et /ou les oppositions auront besoin de lui, il saura se vendre.

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