Le ministre de la Justice a réagi samedi 1er avril lors d'une conférence de presse.
Trois hommes ont été condamnés à deux ans de prison et à une amende de moins de 3000 euros pour avoir violé collectivement, à répétition et mis enceinte une enfant de 11 ans. De nombreuses voix de la société civile marocaine ont réagi sur ce verdict, dont Soumaya Naamane Guessous. La sociologue et professeure universitaire a adressé une lettre ouverte à Abdellatif Ouahbi, le ministre marocain de la justice dans laquelle elle dénonce « une injustice inadmissible ».
Le ministre de la Justice Abdellatif Ouahbi s'est dit « choqué » par ce verdict mais il a également voulu être rassurant en rappelant que l'affaire était toujours en cours puisque le ministère public a fait appel du jugement afin de protéger les droits de la victime et de veiller à la bonne application de la loi. Il a également rappelé qu'il tient « à intensifier les peines prévues pour les agresseurs d'enfants dans le nouveau projet de Code pénal ».
Si Soumaya Naamane Guessous se dit satisfaite de la réaction du ministre, elle insiste sur l'importance d'intégrer la notion de pédophilie dans la loi marocaine : « Pour mieux protéger nos enfants, il faudrait véritablement qu'il y ait un code de l'enfant et qu'il soit respecté. Un enfant qui a été violé, plusieurs fois, par trois adultes, à l'âge de 11 ans et qui fait un enfant à 12 ans, [cela] devrait être jugé dans le cadre particulier d'un code de l'enfant et non pas en fonction du fait qu'il soit mineur. »
Laila Slassi, avocate et co-fondatrice du Mouvement Masaktach, à l'origine d'une enquête sur le traitement judiciaire des infractions sexuelles au Maroc, rappelle que les mineurs sont les premières victimes des agressions sexuelles dans le royaume : « Les affaires de violences sexuelles qui sont portées dans les 21 juridictions du royaume, pour deux tiers d'entre elles, elles concernent des mineurs. C'est un chiffre qui doit nous interpeller. »
Une manifestation est prévue mercredi prochain devant la cour d'appel de Rabat pour dénoncer les jugements trop léger rendus dans les affaires d'agressions sexuelles sur les femmes et les mineurs.