Aux portes de Goma, la capitale régionale de l'est en conflit, les camps de déplacés débordent. Les agences humanitaires leur apportent nourriture et premier soin physique mais aussi mental. La plupart de ceux qui arrivent souffrent déjà de traumatisme. Reportage dans un camp, à Kanyaruchinya.
Sous une bâche en plastique qui ressemble aux habitations des déplacés, une dizaine d'hommes chantent et dansent en cercle. Tous viennent de Rutshuru, un territoire en grande partie conquis et contrôlé par le groupe armé M23. Parmi eux, un éleveur de Kibumba. « J'avais douze cochons, je les ai tous perdus. C'est pour cela que je suis venu... mal à l'aise. Je me sentais très mal. Mes cochons, mes champs, ma maison... On a trop perdu », raconte-t-il, pudiquement. « Je mettais souvent les mains sur la tête. Mais maintenant, j'ai changé. On va recommencer ! »
Si ce quinquagénaire se sent mieux, c'est qu'on lui a apporté les premiers soins psychologiques. Une première pour cet éleveur alors qu'il n'en est pas à son premier déplacement, comme la plupart des personnes que rencontre et suit Ruth Kavira, agente psychosociale du projet santé mentale d'Action contre la faim. « Le premier, il y a une évaluation, le dernier jour aussi pour voir s'il y a une amélioration. La plupart des gens témoignent qu'il y a une amélioration. Certains ne s'améliorent pas, comme ceux qui ont vécu des traumatismes aigus. » Ruth Kavira ajoute que santé physique et santé mentale sont indissociables. Pourtant, de nombreux déplacés, multi-traumatisés, ne suivent aujourd'hui aucune thérapie.
Dans l'est de la RDC, où s'enchaînent des conflits depuis une trentaine d'années, ceux qui fuient les hommes armés, à la fois les milices, mais aussi les soldats, sont toujours plus nombreux dans cette région. 1,6 million de déplacés dans la province de l'Ituri, 900 000 dans la province du Nord-Kivu. Parmi eux, les populations qui ont fui l'avancée des rebelles du M23.