Dakar — Les bouleversements des fonctions écosystémiques du lac Retba ou lac Rose sur fond de perte de la coloration sont le fruit de facteurs anthropiques et environnementaux, révèle un étude du Comité de réflexion et de recommandation pratiques sur la gestion et la sauvegarde du lac Rose.
Parmi ces facteurs évoqués par le rapport, dont l'APS a obtenu copie, figure la baisse de la pluviométrie depuis les années 1970. Elle a eu des impacts négatifs en termes de réduction importante de la superficie, du lac Rose qui est passée de 15km2 à environ 4,2 km2 actuellement.
Le rapport est intitulé : "Plan de gestion pour la sauvegarde du lac Rose". Il est le fruit d'une étude scientifique menée par le Comité de réflexion et de recommandation pratiques pour la sauvegarde du lac Retba ou lac Rose.
Ce comité chargé de proposer en urgence à l'Etat un plan de sauvegarde du lac a été une des recommandations du CRD spécial, tenu à Dakar, le 13 décembre 2022, à la suite d'un débordement du lac Rose après de fortes pluies enregistrées dans la capitale et ses environs.
L'augmentation subite du volume d'eau du bassin du lac Rose à la suite de l'ouverture de brèches de drainage a entrainé la dilution des eaux pluviales dans celles du lac Rose, signale l'étude qui présente l'ouverture de cette brèche de drainage des eaux des quartiers et localités inondées de Dakar comme étant le facteur déterminant de la montée spectaculaire des eaux du lac Rose.
"Cette situation, a modifié fortement les caractéristiques hydro chimiques des eaux du lac, compromettant ainsi la production de sel et la perte actuelle de la coloration rose du lac, un facteur à l'origine de son attractivité touristique", alerte les auteurs de l'étude.
Ils estiment que les arrivées non maitrisées d'eaux pluviales vers le lac au cours de l'hivernage 2022 ont eu des impacts négatifs particulièrement sur la production de sel, sur des activités économiques et des installations humaines.
Le rapport note que l'activité de production de sel au lac Rose est sérieusement menacée par l'évacuation vers son bassin d'eaux usées venant de maisons environnantes et d'un dispositif hôtelier local dépourvu de système d'assainissement.
Pratiquée de manière artisanale, l'extraction du sel fait vivre la majorité des populations riveraines au lac et attire un flux migratoire soutenu de l'intérieur du pays et des pays de la sous-région. On retrouve dans cette activité des ressortissants de la Guinée, du Mali, de la Gambie ou encore du Burkina Faso.
La zone du lac Rose, au fil des années, est devenue une destination touristique et un important pôle économique, grâce notamment aux opportunités qu'offre la présence de ce réceptacle naturel.
L'étude a signalé d'autres facteurs ayant eu un impact négatif sur les fonctions écosystémiques du lac Rose, dont "l'augmentation de la population dakaroise au cours de ces dernières années".
Cette démographie galopante à Dakar, a-t-elle souligné, a entrainé l'extension rapide des surfaces urbaines vers l'Est de la capitale, notamment vers la zone du bassin versant du lac Rose".
Le rapport a indiqué que "la population de l'arrondissement de Sangalkam où se situe le lac Rose, est passée de 98 001 à 123 025 habitants de 2013 à 2021".
"Cela a transformé progressivement en espaces urbains les anciens espaces ruraux, entrainant une augmentation des surfaces imperméables et une réduction de capacité d'infiltration de l'eau dans cette zone", a-t-il souligné le rapport.
Il fait observer que cette situation est à l'origine de la récurrence des inondations et du débordement du lac de son bassin dans cette zone où vivent plusieurs habitants dépourvus d'infrastructures adaptées de drainage et de gestion des eaux pluviales.
Les anciens ouvrages d'axes routiers existants dans la zone sont devenus pour la plupart obsolètes à cause de la forte augmentation du ruissellement d'eaux pluviales et usées vers le bassin du lac.
"Il faut que les arrivées d'eaux pluviales au lac soient impérativement mieux maitrisées pour réduire leurs conséquences négatives sur les équilibres écologiques", a préconisé le comité d'experts, en estimant qu'il fallait éviter "le risque d'ensablement par ruissellement du bassin du lac à partir de dépôt de sédimentation de particules de sable et de déchets solides".
En outre, ils ont relevé que les lotissements entrepris autour du lac, les prélèvements de sable marin et dunaire, les dépôts d'ordures, en dépit de son statut de zone classée, ont entrainé l'ensablement du lac, un déboisement de la bande des filaos, et la dégradation des terres.
Selon les experts, "cette situation dénote d'un déficit de coordination dans la préservation du domaine forestier de l'Etat et l'instruction des dossiers d'attribution de parcelles à usage d'habitats autour du lac Rose".
Le ministre de l'Environnement, du Développement durable et de la Transition écologique, Alioune Ndoye et son collègue de l'Eau et de l'Assainissement, Serigne Mbaye Thiam, avaient co-présidé, à Diamniadio, le 13 décembre 2022 un CRD spécial pour la sauvegarde de l'écosystème du lac Rose.
Ce CRD a décidé de la mise en place d'une Comité de réflexion et de recommandation pratiques sur la gestion et la sauvegarde du lac Rose.
Composés d'experts environnementalistes et d'autres spécialités, les membres de ce Comité, avaient, la charge de proposer à l'Etat dans l'urgence un Plan de gestion pour la sauvegarde du lac Rose.
Le Centre de suivi écologique (CSE) sous l'impulsion de son directeur général, Dr Cheikh Mbow a assuré le travail de coordination du Plan de gestion pour la sauvegarde du lac Rose.
Les recommandations contenues dans ce rapport intitulé : Plan de gestion pour la sauvegarde du lac Rose, sont transmises, aux autorités centrales, a confié à l'APS, le directeur général du CSE, Dr Cheikh Mbow.
Le Centre de Suivi Ecologique est une structure d'excellence de l'Etat, spécialisée, dans le suivi environnemental et la gestion durable des ressources naturelles à partir d'informations spatiales pertinentes et fiables.