Cote d'Ivoire: Entretien-Gnonsan Adama Marcel (Eleveur) - « Je souhaite faire de la Côte d'Ivoire le premier pays producteur de grenouilles »

interview

 Vous avez mis en place une organisation dénommée Ivoire Raniculture. Pouvez-vous nous en dire plus sur ses objectifs ?

L'objectif est de produire beaucoup de grenouilles pour satisfaire la clientèle. Parfois, mes clients chinois souhaitent commander des tonnes de grenouilles mais je ne peux les satisfaire. Si nous nous sommes nombreux à faire la raniculture, je compte créer une usine de fabrication de conserves pour les exporter en Europe et les vendre ici dans les grandes surfaces.

Récemment, vous avez effectué une tournée à Man pour encourager les populations à s'adonner à ce type d'élevage. Pourquoi avez-vous choisi la zone de Man pour cette tournée ?

J'ai choisi la zone de Man parce que le Yacouba vit de la grenouille. Donc les populations ont vite compris l'intérêt de cette activité. Elle va d'abord les nourrir, ensuite leur rapporter de l'argent.

 Pouvez-vous garantir la commercialisation de la production ?

Dans le secteur, il y a tellement d'acheteurs qu'on ne peut pas satisfaire tout le monde. En outre, ce n'est pas comme le cacao que nous ne consommons pas. Mon objectif, c'est qu'on dise un jour que la Côte d'Ivoire est le premier producteur mondial de grenouilles. Ce sera une fierté.

Et cela est possible. Notre climat est favorable à l'élevage de la grenouille. On peut en produire en grande quantité. Il n'y aura pas de difficulté pour les écouler parce que les Américains en mangent, les Français les recherchent et bien d'autres...

Si on est premier producteur au monde, c'est la Côte d'Ivoire qui va gagner en termes d'entrée de devises. Les jeunes vont travailler au lieu de s'adonner au banditisme.

Que pouvez-vous dire pour encourager les jeunes à s'adonner à cette activité ?

L'activité est très juteuse. C'est un moyen de lutter contre le chômage et la pauvreté. Avec deux kilos de grenouilles, on a 12.000 FCFA. Le kilo de cacao est à 900 FCFA, alors qu'on achète le kilo de grenouille à 6000 francs. En plus, tu peux vendre ta production de grenouilles chaque trois mois lorsqu'elles sont bien nourries. Pour les aliments, on peut les faire soi-même au lieu de les acheter. Concernant la clientèle, il y a les restaurants et bien d'autres. Pour ce projet, je demande donc l'appui des autorités pour empêcher nos jeunes frères de s'adonner aux vices. J'ai commencé sans grands moyens mais aujourd'hui mes activités ont pris de l'ampleur. Si les autorités s'impliquent, certainement qu'on ira loin et on pourra résoudre quelque peu le problème du chômage des jeunes.

 Certains pourraient vous rétorquer qu'ils ont besoin de financement pour commencer...

Je leur dirai qu'il faut toujours commencer avec ce qu'on a avant de recevoir une aide. En ce qui me concerne, je partais à la pêche des grenouilles et je vendais mes productions jusqu'à ce qu'un client m'aide à financer le projet. Je ne m'y attendais pas.

Pour le projet que j'ai mis en place, ma stratégie est de commencer à fournir des briques aux opérateurs pour la construction des étangs. Ainsi que des rouleaux de grillage. Je les fournis ensuite en grenouilles et en aliments. Je ne donne pas d'argent en espèces pour ne pas que certains malins l'empochent sans faire le travail. Bien avant, on s'assure qu'il n'y a pas de problème foncier sur le terrain. Avec l'aide des techniciens, les étangs sont creusés.

J'aimerais dire à la jeunesse ivoirienne de ne pas rester dans une posture d'attente. Elle doit se battre parce que personne ne le fera à sa place. Le président Alassane Ouattara aime les jeunes qui créent. On nous a mis à l'école, ce n'est pas travailler au bureau qui est une fin en soi. Il faut chercher à créer quelque chose de ses deux mains. Il faut se réveiller car le nombre de place à la fonction publique est limité.

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