Cote d'Ivoire: Taxi Conteur (Président de la Fenath-CI) - «Nous travaillons à faire renaitre le théâtre sur de solides piliers»

interview

Le 27 mars dernier a été la Journée mondiale du Théâtre. En Côte d'Ivoire, la commémoration nationale a eu lieu à d'Adzopé, dans la région de la Mé. 

Dans la mouvance des festivités, se confiant aux médias, le président de la Fédération nationale de théâtre de Côte d'Ivoire (Fenath-CI), Adama Adepoju, plus connu sous le pseudonyme de Taxi Conteur, fait une rétrospective de la vie du théâtre ivoirien qui a écrit ses lettres de noblesse avant de tomber dans la léthargie. Aujourd'hui, avec son organisation, Taxi Conteur évoque également les actions vigoureuses menées pour la renaissance du théâtre ivoirien.

 Ouf ! Il était temps pour la renaissance du théâtre ivoirien qui a pourtant connu des moments de gloire !

Je ne vous cache rien, le théâtre a connu ses heures de gloire en Côte d'Ivoire. Il y avait le festival de théâtre scolaire et universitaire qui a formé des comédiens et comédiennes de talent au nombre desquels l'on cite Adama Dahico, Adrienne Koutouan, Gbizié Troupa dit Zoumana, Faargas Assandé, Alexis Donzigré, Maïmouna Koné et moi-même. Le doyen Adjé Daniel faisait salles combles ! Diallo Ticouaï Vincent et sa troupe Le Soleil de Cocody remplissaient les salles et leur quartier général » le Théâtre de la cité ». A cette époque-là, les Ivoiriens allaient au théâtre.

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 Cette époque était aussi marquée par plusieurs types de théâtre, on parlait de théâtre populaire, théâtre universitaire...

Absolument il y avait le théâtre Didiga du Maitre Zadi Zaourou, le théâtre griotique avec Niangoran Porquet, le théâtre rituel de Wêrê wêrê Liking, le théâtre populaire de Souleymane Koly pour ne citer que ceux-là. Il faut dire que le théâtre reposait sur un vivier de talents en Côte d'Ivoire.

 Mais, après toute cette embellie, le théâtre tombe dans une léthargie !

Bien évidemment ! Mais, aujourd'hui, nous sommes dans une phase de renaissance. Cette léthargie, il faut le reconnaitre, est due aussi à la situation de crises à répétition que le pays a connue. Pendant cette période de léthargie, les artistes ont développé d'autres attitudes et aptitudes. Mais, le théâtre n'a pas totalement sombré. Le pays même est dans une phase de résilience, de reconstruction et de renaissance à tous les niveaux.

Le théâtre aussi est dans une phase de relance. En la matière, notre tâche est ardue, exaltante aussi. Notre structure, la Fédération nationale de théâtre, veut aussi marquer ce temps afin de revitaliser le théâtre en le rendant solide et fort pour qu'ensemble, nous contribuons à la renaissance du théâtre.

Concrètement que faites-vous pour cette renaissance ?

Dans le cadre de la journée mondiale du théâtre, plusieurs compagnies vont se produire à Adzopé où s'est tenue la cérémonie officielle de commémoration de cette journée, le 27 mars dernier. Il y aura également des spectacles de théâtre à travers le pays, à Abidjan, à Bouaké, dans plusieurs établissements scolaires et universitaires. Nous allons également organiser des scènes de théâtre dans les rues, dans des salles de théâtre et bien d'autres espaces.

Au sein de la Fédération nationale de théâtre, nous avons noué des partenariats, pour les jeunes dramaturges, avec le festival de Limoges, le plus grand festival de l'espace francophone.

Pour cette année, figurez-vous, Limoges a pris en charge une de nos dramaturges en l'occurrence Mme Naky Sy Savané qui y séjourne actuellement pour la lecture publique de l'un de ses textes. Car, un théâtre fort s'appuie sur un texte fort. Et nous voulons un théâtre ivoirien encore fort. Nous y allons doucement, mais surement. Nous travaillons à faire renaitre le théâtre sur de solides piliers.

La fédération est en train de remettre des piliers solides au théâtre ivoirien, pour sa renaissance.

Est-ce que cette renaissance concerne aussi les compagnies qui ont presque disparu ?

Absolument, nous aidons les compagnies à se restructurer sur le plan professionnel. C'est très important pour nous, et la semaine nationale de théâtre que nous allons organiser figure dans ce dispositif. C'est en cela que nous avons fait venir en Côte d'Ivoire, récemment, un grand metteur en scène, notamment, Assane Kouyaté, directeur du théâtre de Limoges, qui a animé un atelier de formation, sur l'économie de l'art.

Nous constatons aussi que les choses bougent pour le cinéma ivoirien. Il faut noter qu'un cinéma fort s'appuie toujours sur un théâtre fort.

Après la cérémonie officielle du 27 mars à Adzopé, nous serons, le 29 mars dans la matinée à Abidjan au Lycée Sainte Marie à Cocody. Dans la soirée, c'est la Fabrique culturelle aux II Plateaux qui nous reçoit.

Le 31 mars, nous serons à l'Institut Goethe à Cocody-Mermoz avec un grand spectacle de théâtre qui verra un vibrant hommage aux pionniers du théâtre ivoirien. Ce sera également l'occasion d'encourager les jeunes dramaturges ivoiriens à travers des prix symboliques que nous allons décerner.

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