Madagascar: Kolibera /itar hero - « Mon professeur de guitare a été Paul Ratianarivo »

Cinquante années de bà-gasy pour Kolibera, cela mérite un évènement digne de ce nom. Samedi après-midi, le New Para a Ivato a réservé la journée à cet illustre guitariste entre atelier et concert. Entre deux sets, il a accordé du temps aux questions.

Pouvez-vous nous faire une petite histoire du bà-gasy ?

Le bà-gasy existe depuis bien longtemps. Maintenant, l'enjeu est de le maintenir. Voilà pourquoi, nous voulons attirer les jeunes. Pas tout le monde mais uniquement ceux ou celles qui veulent en jouer. C'est un peu l'esprit de notre atelier de ce samedi. Nous avons constaté que les jeunes sont nombreux à aimer le bà-gasy. Le vrai bà-gasy est apparu après la période monarchique. Quand sont arrivés les pianos et d'autres instruments. C'était encore du temps des monarques. La guitare était alors la plus accessible. Le soir venu, surtout durant la pleine lune, les jeunes qui en jouaient sillonnaient les quartiers pour faire des sérénades. Comme vous le savez, c'était aussi l'occasion pour les gars de séduire les demoiselles.

Par qui avez-vous appris à en jouer ?

Mon professeur de guitare a été Paul Ratianarivo. Il m'a dit que je ne devais pas garder pour moi seul le bà-gasy, mais partager avec ceux ou celles qui l'aiment. Il était le petit frère d'Andrianary Ratianarivo. Paul Ratianarivo était à la fois accordéoniste, pianiste et guitariste.

Qui étaient les grands noms du genre d'après vous ?

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Ceux qui étaient intégrés dans le bà-gasy étaient par exemple, Rasamy Gitara, Razilinah, Fidimalala... Il y avait des employés de la radio nationale, tel Bernard Randrianarisaona. Il y a encore beaucoup à citer. En ce moment, la jeunesse est attirée par ce genre. Ceux de l'étranger qui pensent que le bà-gasy n'est pas aux normes se trompent. Ils disent que seule leur approche est conforme aux normes. Pas de problème. Par ailleurs, la nôtre dépasse largement la leur. Sur la manière de jouer notamment. Par exemple, pour eux il faut un soliste, un accompagnateur et un bassiste. Avec le bà-gasy, vous pouvez faire les trois sur une seule guitare.

Où avez-vous joué pour la première fois ?

J'ai joué pour la première fois en public au théâtre municipal d'Isotry. A notre époque, les concerts ne rassemblaient pas un ou deux groupes. Il y en avait six, sept voire dix groupes qui se partageaient la scène. J'appartenais au groupe Randrianasolo Edmond, mon défunt frère. Nous avons ensuite participé au podium, nous avons gagné le prix dans la catégorie variété, avec les titres « Mpivahiny » et « Ny hirako ».

Est-ce que vous avez des musiciens que vous admiriez ou admirez ?

J'ai été particulièrement impressionné par Bernard Randrianarison, et Dadanaivo ou Charles Ranaivo, a l'époque où c'était encore un étranger qui dirigeait la « radio diffusion nationale malagasy ». Pour ma génération, c'était Stanislas Rakotozanany, Jean Baptiste Ravelojaona, Freddy Ranarison, et Maurice Harison, qui était également joueur de valiha.

Quel est le profil d'un joueur ou joueuse de bà-gasy qui veut s'y lancer ?

Les gens qui savent jouer du folk et du classique se réapproprient facilement le bà-gasy parce que c'est assez difficile. Voilà sans doute pourquoi les jeunes sont de plus en plus attirés vers ce style de jeu.

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