Madagascar: For(t) intérieur

A l'image de l'édifice qui remonte du temps de la Première République, l'actuel locataire de l'Immeuble Patte d'Eléphant à Anosy se base sur l'ordonnance n°60-082 du 13 août 1960 relative aux réunions publiques et aux manifestations sur la voie publique, pour interdire les rassemblements en plein air.

En vertu de la hiérarchie des normes, cette ordonnance de 1960 ne prime pas sur la Constitution de 2010 qui garantit « le respect et la protection des libertés et droits fondamentaux ». Entre autres et non des moindres, « la liberté de réunion ». Le seul motif d'interdiction ou de restriction de la réunion est si elle s'avère susceptible de troubler l'ordre public ou si elle se tient sur la voie publique. Même la Constitution de la Première République adoptée en 1959, c'est-à-dire avant l'Indépendance, consacre la liberté de réunion.

Il fallait attendre la Deuxième République pour voir « les libertés fondamentales et les droits individuels » encadrés par la Charte de la Révolution Socialiste. « Aucun droit ou liberté ne peut être invoqué par un citoyen qui n'a pas rempli ses devoirs envers la collectivité. Aucun droit ne peut être invoqué pour contrecarrer l'Etat dans son oeuvre d'instauration de l'ordre socialiste ».

Un mode de pensée marxiste qui prit fin avec la Constitution de la Troisième République, malgré certaines velléités de l'Amiral rouge de le remettre à flots, lors de son retour à la barre en 1997. Un « Marx en arrière » conforté par la Constitution de la Quatrième République dont le Préambule met en avant « l'élimination de toutes les formes d'injustice, de corruption, d'inégalité et de discrimination ».

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Mais aussi, « la séparation et l'équilibre des pouvoirs ». Contrairement à la déclaration du ministre de l'Intérieur qui instaure un « deux poids, deux mesures » entre l'Exécutif et le Législatif. Au mépris de la loi fondamentale selon laquelle, « la souveraineté appartient au peuple, source de tout pouvoir, qui l'exerce par ses représentants élus au suffrage universel direct ou indirect, ou par la voie du référendum. Aucune fraction du peuple, ni aucun individu ne peut s'attribuer l'exercice de la souveraineté ». Le ministre a-t-il une autre interprétation - censée être stricte - de la loi fondamentale en son for(t) intérieur ?

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