La Russie a pris, le 1er avril, la présidence tournante du Conseil de sécurité des Nations unies. Une présidence critiquée par l'Ukraine et les Etats-Unis.

Le Conseil de sécurité de l'Organisation des nations unies (ONU) a été présidé pour la dernière fois par la Russie en février 2022, au moment où elle annonçait le début de son invasion en Ukraine. Quatorze mois plus tard, ce pays va de nouveau présider l'organe exécutif des Nations unies pendant un mois, comme le veut le règlement.

En ce mois d'avril, le chef de la diplomatie russe, Sergueï Lavrov, va présider à New York une réunion du Conseil de sécurité consacrée au thème « Un multilatéralisme efficace à travers la défense des principes de la Charte des Nations unies ».

Une réunion informelle du Conseil de sécurité est attendue sur le thème de l'évacuation des enfants de la zone de l'opération militaire spéciale en Ukraine. Moscou envisage d'informer les participants des mesures prises en vue de protéger les mineurs contre les tirs ukrainiens, de prévenir d'autres crimes à l'égard des enfants et de les loger dans des endroits sécurisés.

Moscou a prévu également l'organisation de trois sessions. La première portera sur les « risques découlant des violations des accords réglementant l'exportation d'armes et d'équipements militaires ». Elle devrait y aborder les livraisons d'armes de plusieurs pays à l'Ukraine. Sergueï Lavrov compte également présider une session de débats sur le Moyen-Orient.

Selon le représentant russe à l'ONU, Vassili Nebenzia, pour l'instant, aucune réunion consacrée à l'Ukraine n'est prévue. « Mais il est fort possible qu'il y en ait finalement ».

La présidence russe a suscité, sans surprise, des réactions mitigées au sein de la communauté internationale. La représentante américaine à l'ONU, Linda Thomas-Greenfield, a déclaré que la Russie "ne devrait pas être" membre permanent du Conseil. Elle attend ainsi de ce pays qu'il se comporte « de manière professionnelle » à la présidence, tout en émettant des doutes.

« Nous nous attendons également à ce qu'il cherche des occasions pour faire progresser sa campagne de désinformation contre l'Ukraine, les États-Unis et tous nos alliés. À chaque occasion, nous ferons part de nos préoccupations concernant les agissements de la Russie », a déclaré l'ambassadrice américaine à l'ONU, qui a aussi estimé que la Russie « ne devrait pas être membre permanent du Conseil de sécurité en raison de ce qu'elle fait en Ukraine », déplorant que « la charte ne permette pas de modifier son statut ».

L'Ukraine dénonce une présidence de « mauvais goût »

Cependant, l'Ukraine, qui n'a pas caché son mécontentement, a qualifié cette présidence de « mauvaise blague ». « La présidence russe du Conseil de sécurité de l'ONU, le 1er avril, est une mauvaise blague. La Russie a usurpé son siège; elle mène une guerre coloniale; son président est un criminel de guerre recherché par la CPI pour enlèvement d'enfants », a fustigé le chef de la diplomatie ukrainienne, Dmytro Kouleba.

Le ministre ukrainien des Affaires étrangères, Dmytro Kouleba, de son côté, a fustigé « une gifle au visage de la communauté internationale » et appelé « les membres actuels » de l'organe exécutif de l'ONU « à contrecarrer toute tentative russe d'abuser de sa présidence ».

L'Ukraine n'est pas membre du Conseil de sécurité mais elle est régulièrement appelée à s'y exprimer sur les questions liées « à la guerre menée par la Russie ». L'ambassadeur du pays à l'ONU a indiqué que l'Ukraine resterait à l'écart de l'organe de sécurité ce mois-ci, sauf en cas de « question d'intérêt critique pour la sécurité nationale ».

Rappelons que le Conseil de sécurité de l'ONU est l'un des six organes de l'organisation et le seul habilité à prendre des décisions qui obligent les États membres. Sa responsabilité principale est celle « du maintien de la paix et de la sécurité internationale », au nom de laquelle il peut prendre des décisions et des sanctions.

La présidence du Conseil de sécurité de l'ONU est assurée par chacun de ses membres, permanents et non-permanents, à tour de rôle pendant un mois. C'est pourquoi, selon l'ordre alphabétique anglais qui s'applique, la Russie a pris la tête du Conseil de sécurité, succédant ainsi au Mozambique et précédant la Suisse.