RSF a dévoilé ce lundi 3 avril un rapport intitulé « Dans la peau d'un journaliste au Sahel ». Cette enquête met en exergue plusieurs menaces : la violence exercée par les bandes armées, les tentatives de contrôle par les juntes militaires, et les lois en lien avec le numérique utilisées par certains États pour réduire la liberté de la presse.
La liberté de la presse est de plus en plus menacée au Sahel, avertit Reporters sans frontières (RSF) dans une enquête intitulée « Dans la peau d'un journaliste au Sahel ». Dans ce document d'une quarantaine de pages, l'ONG détaille les dangers et menaces multiples auxquels sont confrontés les journalistes de la région.
Hasard du calendrier : cette publication intervient au lendemain de l'expulsion le 2 avril du Burkina Faso des correspondants des quotidiens français Le Monde et Libération. Cette actualité illustre les difficultés avec lesquelles les professionnels de l'information doivent désormais composer. À savoir des difficultés liées à l'environnement sécuritaire, mais aussi institutionnel. Selon RSF, la bande sahélienne est en train de devenir une zone « de non-information ».
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Des menaces bien identifiées
Première menace qui plane sur les journalistes - et elle n'est pas nouvelle : les bandes armées, dont la violence s'est intensifiée depuis 10 ans, plus précisément depuis l'assassinat, en 2013 au Mali, de nos confrères de RFI, Ghislaine Dupont et Claude Verlon. Dans le nord du Mali, la zone allant de Gao à Kidal est désormais un « no man's land » pour les reporters, une zone où le risque d'assassinat et d'enlèvement est maximal. En témoigne le sort d'Hamadoun Nialibouly et de Moussa M'Bana Dicko, deux journalistes maliens toujours portés disparus. RSF rappelle également que trois autres professionnels de l'information ont été tués depuis 2019, sur les rives du lac Tchad et dans l'est du Burkina Faso.
Autre ennemi de l'information au Sahel, selon RSF : les juntes militaires, arrivées au pouvoir à la faveur de coups d'État. Qu'il s'agisse du Mali, du Burkina Faso ou du Tchad, ces nouveaux gouvernements représentent aujourd'hui un véritable défi pour les journalistes. Ils essayent par tous les moyens de « contrôler les médias » selon RSF, ceux en particulier du service public. Exemple, là encore au Mali et au Burkina Faso, où les putschistes imposent aux journalistes la lecture de leurs communiqués.
L'ONG s'inquiète également de l'utilisation abusive de lois, notamment au Bénin et au Niger, en relation avec le cyberespace. Des lois qui permettent de condamner et d'emprisonner les journalistes, au lieu de les protéger. Et le résultat est sans appel, selon l'organisation : « La peur des représailles favorise l'autocensure. La rétention d'informations devient la norme. »