Congo-Brazzaville: Clôture du mois de la femme - Anne Mbuguje encourage les entrepreneures à toujours se remettre en question

L'expérience de la présidente de Mwiza Amani et administrateur à la BGFI Bank, partagée au premier panel du Forum international Level Up organisé au Sultani River, le 31 mars et le 1er avril, a instruit les participants sur une des manières dont elle a réussi à « casser les codes » comme suggéré par le thème de cette édition.

Le panel « Paroles de patronnes ! » a procédé à un coaching de l'assistance constituée en majorité de jeunes entrepreneures au travers d'un partage d'expériences édifiant. Des cinq intervenantes, Anne Mbuguje a affirmé avoir « compris très vite » la nécessité de « casser les codes ». En effet, la métisse née à Mbuji-Mayi a tôt fait de comprendre les préjugés liés à son apparence physique. « Moi, très jeune, je savais que je voulais travailler, faire la différence, donc je ne me suis jamais créée de limites », a-t-elle souligné. Son leitmotiv se résumait à « ne pas avoir peur là où il existait tant de préjugés envers les femmes..., au contraire cela m'attirait ».

Soulignons que de toutes les fonctions qu'elle a exercées, c'est dans le secteur bancaire qu'Anne Mbuguje a eu le plus à sortir des sentiers battus. « À la banque, j'ai bien tenté de casser les codes en acceptant de sacrifier en partie ma vie privée pour la vie professionnelle afin de devenir directeur. Il y avait très peu de femmes directeur à l'époque ». Et, les choses n'ont pas vraiment changé car elle a soutenu qu'« il y a peu de directrices générales dans le secteur bancaire », quoiqu'on y trouve beaucoup de femmes, elles n'assument pas de fonction au niveau de la direction.

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Dès lors, elle l'a pris pour un challenge. « Il fallait travailler plus que les hommes, montrer que je valais la peine, pour que je ne sois pas juste vue comme une jolie femme mais avec pas grand chose dans la tête. Il fallait se battre en travaillant plus tous les jours », a dit l'ancienne directrice générale de la Biac. Par ailleurs, elle a révélé que cela a été pareil dans le secteur public. « Au service de l'Etat, au budget, aux finances, il y a beaucoup de femmes mais elles occupent de petites fonctions.

Au niveau de la direction, c'est différent à cause des a priori sur le nombre d'heures de travail, la crainte de la manière dont on est perçue », a expliqué Anne Mbuguje au Courrier de Kinshasa. Evoquant ici les préjugés culturels, elle souligne qu'au regard de la culture africaine? la femme est souvent reléguée au second plan. Et donc, « il faut toujours un peu jongler entre l'image que la culture nous colle, pour ne pas frustrer les gens, mais se faire accepter. Il faut toujours se remettre en question, être prête à étudier, à accepter parfois les affronts mais bien les prendre, tirer les conséquences et avancer ».

Bousculer les usages

Après sa prise de parole dans l'échange sur « Les réseaux sociaux : opportunités et dangers », Lydie Omanga a dit au Courrier de Kinshasa que « casser les codes » rimait à « bousculer les usages, ne pas être là où l'on vous attend ». La vice-présidente de l'Autorité de régulation de la poste et des télécommunications du Congo (ARPTC) a partagé son expérience en soulignant : « A mon niveau, je brise les codes tous les jours ». En effet, journaliste au départ, puis directrice de communication du chef de l'Etat, et à présent vice-présidente à l'ARPTC, elle a affirmé : « D'un secteur à l'autre, le fait que ce dernier soit plutôt technologique, j'ai brisé les codes ».

Consciente que d'aucuns la pensaient incapable, elle s'est formée pour assumer au mieux sa fonction. « Ce qu'il y avait à faire c'est apprendre et comprendre ce que c'est le cahier des charges, une antenne, la 2G, la 3G, la 4G et la 5G, les objets connectés, l'intelligence artificielle, la régulation par les données, la régulation, etc. », a-t-elle expliqué. Son conseil aux jeunes entrepreneures : « Il faut acquérir les connaissances de base du secteur dans lequel vous allez évoluer car pour être crédible et compétente, vous devrez maîtriser le vocabulaire, les données, le système, l'écosystème, comprendre les interactions et après tout devient un jeu d'enfant. L'on devient capable de tout faire ». Et de conclure : « Briser les codes, c'est dire à une jeune dame : "Oui, tu peux diriger une entreprise, être Premier ministre et tu vas très bien le faire" ».

Soulignons que la quatrième édition du « Level Up by Makutano » a réuni près de 400 femmes entrepreneures de la République démocratique du Congo et de trois autres pays du continent, le Sénégal, le Togo et la Côte d'Ivoire. Anne Mbuguje et Lydie Omanga y ont pris part en qualité de membres de l'association Femmes d'exception du Congo. Association à but non lucratif dont fait également partie l'initiatrice Level Up, Nicole Sulu, qui y a proposé plusieurs activités dans l'esprit du thème « Femmes entrepreneures, cassons les codes ! ».

Ainsi, en plus des séances de coaching et discussions, des masters class, une formation certifiante ont émaillé la rencontre qui a abordé des sujets en lien avec l'agrobusiness, le numérique, l'économie, les finances, l'entrepreneuriat dans divers domaines, etc. Une exposition-vente s'est tenue en marge de l'événement clos avec l'élection Miss Level Up, le 1er avril. La participation du Premier ministre, Sama Lukonde, au panel de clôture, a rehaussé le prestige du forum.

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