De nombreux médicaments souffrent de pénuries ou de tensions d'approvisionnement. Le manque d'antalgiques, d'antibiotiques et de corticoïdes est systématique. Plusieurs marques de référence sont en rupture de stock, entre autres pour le traitement contre l'asthme, le diabète, l'hypertension artérielle, les problèmes de gorge ou encore l'épilepsie. Ces carences du marché international impactent l'approvisionnement de médicaments sur le marché local. Certains patients font désespérément la tournée des pharmacies mais en vain.
L'industrie pharmaceutique dépend principalement de deux pays. La majorité des matières premières pour la production de médicaments provient de Chine et d'Inde, dont des principes actifs pour les traitements vitaux. Le prix des matières premières flambe et si certains laboratoires sont fermés, d'autres ne fonctionnent pas de façon optimale. Ce problème qui perdure dans la chaîne d'approvisionnement inquiète les pharmacies et les patients de plusieurs pays.
À Maurice, en raison de cette pénurie, la distribution des médicaments est limitée. C'est «first come, first served» au niveau des pharmacies. Le stock limité s'épuise vite et le patient se sent pénalisé. Malgré la possibilité d'avoir recours à des alternatives pour la majorité des médicaments indisponibles, la rupture de stock inquiète les patients qui sont habitués à une marque spécifique. Il est difficile de les convaincre, indiquent les pharmaciens.
«Les grands marchés priorisés»
Maurice est impacté par ce problème et le sera davantage car son marché est petit, déclare Siddique Khodabocus, président de l'Association des petits et moyens importateurs de médicaments et de l'Union des pharmaciens. «Nous ne sommes pas prioritaires sur la liste de livraison des médicaments. Les plus grands marchés, plus rentables, sont priorisés.»
«Le manque de médicaments est récurrent. Ce problème perdure depuis la crise du Covid-19. La chaîne de distribution a été impactée. Oui, il y a un problème à l'international mais il faut des solutions qui nous permettent de sortir de cette crise. Au moins pour atténuer la situation. Il faut agir pour pallier ce problème et éviter le pire. Il faut ouvrir le marché et permettre l'achat des mêmes médicaments d'autres sources.»
Siddique Khodabocus relève qu'un médicament étant une «life saving commodity», il ne faut pas qu'il y ait de monopole. Au nom du droit à la protection de sa santé, le patient doit avoir accès aux soins. Cela permettrait aussi de résoudre le problème des prix. Selon lui, l'accès aux soins est prioritaire. Le reste suivra. «L'importation parallèle peut aider à résoudre le problème de pénurie. On peut avoir le même produit à de meilleurs prix. Il y a aussi les génériques équivalents qui sont aussi bons que les produits de référence et qu'il faut promouvoir.» Il propose une éducation du patient et une coopération des autorités, des prescripteurs et des pharmaciens.
La croissance du chiffre d'affaires de l'industrie est en baisse au vu des difficultés. Le secteur voit rouge, alerte Siddique Khodabocus.