Burkina Faso: Deux journalistes françaises expulsées par les autorités militaires, dans un contexte de répression des médias étrangers

communiqué de presse

Les correspondantes Sophie Douce et Agnès Faivre ont quitté la capitale, Ouagadougou, le 1er avril, et sont arrivées à Paris le lendemain, après avoir été notifiées de leur expulsion par les autorités militaires, ont rapporté dimanche Le Monde et Libération. Les deux journaux ont accusé les autorités burkinabées de "chercher à étouffer la liberté d'expression en multipliant les mesures de répression à l'encontre des médias étrangers".

Selon un éditorial publié par Libération le 2 avril : "Les deux journalistes sont des journalistes d'une parfaite intégrité, qui travaillaient au Burkina Faso en toute légalité, avec des visas et des accréditations valables délivrées par le gouvernement burkinabé. Nous protestons vigoureusement contre ces expulsions absolument injustifiées". Le média a suggéré que ces expulsions étaient liées à une enquête publiée le 27 mars dans laquelle "une vidéo a été filmée montrant des enfants et adolescents exécutés dans une caserne militaire, par au moins un soldat".

Le directeur du Monde, Jérôme Fenoglio, a déclaré dans un communiqué que "ces deux expulsions constituent un nouveau recul majeur de la liberté d'informer sur la situation au Burkina Faso".

Le porte-parole du gouvernement burkinabé, Jean-Emmanuel Ouedraogo, a critiqué la réaction des médias français, la qualifiant de "manipulation déguisée en journalisme pour ternir l'image du pays".

L'expulsion de Douce et Favre s'inscrit dans le cadre d'une répression croissante des médias étrangers, et en particulier des médias français, menée par les autorités militaires burkinabés. Le 27 mars, la junte militaire a annoncé la suspension pour une durée indéterminée de la chaîne de télévision internationale française France 24 dans le pays, au motif qu'elle avait diffusé des réponses fournies par le chef d'Al-Qaida au Maghreb islamique. Le 3 décembre 2022, les autorités ont interrompu la diffusion de Radio France Internationale (RFI) dans des conditions similaires.

Le Secrétaire général de la FIJ, Anthony Bellanger, a condamné l'expulsion des journalistes français et l'a décrite comme une tentative délibérée de réduire au silence les médias étrangers et d'intimider tou.te.s les journalistes travaillant au Burkina Faso afin de les dissuader de publier les atrocités commises par le régime militaire. "Il s'agit d'une atteinte grave à la liberté d'expression et à la liberté des médias, non seulement dans le pays, mais aussi dans toute la région de l'Afrique de l'Ouest. Les autorités militaires burkinabés doivent permettre aux médias indépendants d'exercer leurs fonctions sans aucune forme d'intimidation et doivent garantir le droit de savoir du public.

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