Emmerson Mnangagwa s'exprimait dimanche alors que des élections générales, présidentielle et législatives, doivent avoir lieu dans le pays avant la fin août. Les ONG de la société civile ne sont pas rassurées.
Le Zimbabwe n'acceptera pas d'observateurs électoraux provenant de pays qualifiés de « non amis ». « Nous ne sommes pas des subalternes. Nous ne nous laisserons pas humilier par des ONG ou des instituts occidentaux », a averti le président Emmerson Mnangagwa. Le chef de l'État, qui avait pourtant ouvert son pays aux observateurs internationaux lors des dernières élections il y a cinq ans, entend bien cette fois-ci en restreindre la présence.
L'annonce inquiète la société civile. « Ce n'est pas au chef de l'État de fixer les règles, mais à la commission électorale indépendante », rappelle le militant Peter Mutasa. « Ils vont sélectionner leurs amis, qui ne voient rien, n'entendent rien et ne disent rien, et cela n'est pas de bon augure. Cela veut dire que ces élections seront violentes, qu'elles ne seront ni libres, ni justes, ni crédibles. Ce régime sait que les Zimbabwéens sont en colère et ne voteront pas ces dirigeants. Ils sont déjà en train de planifier des fraudes et pour cela, ils sélectionnent des observateurs complaisants. »
La société civile dénonce une escalade de la répression à l'approche du scrutin. Quasiment tous les rassemblements de l'opposition ont été interdits, soit plus de 60 selon Amnesty International, leurs militants et dirigeants sont harcelés et arrêtés, ajoute l'organisation. L'un d'eux, le député Job Sikhala est détenu plus de neuf mois dans une prison de haute sécurité, en l'attente de son procès. Il est accusé de troubles à l'ordre public pour avoir demandé justice pour le meurtre d'un militant de son parti.