Au Maroc, l'acteur et metteur en scène Ahmed Jawad est décédé dimanche 2 avril à 61 ans après s'être immolé par le feu le 27 mars devant le ministère de la Culture. Ses proches s'interrogent sur les circonstances qui ont poussé le dramaturge à mettre fin à ses jours, notamment la responsabilité du gouvernement, son principal client. Le ministère a soudainement diminué les commandes de pièces de théâtre, empêchant Ahmad Jawad de subvenir aux besoins de sa famille.
« C'est la faute du ministère », déplore l'une des connaissances d'Ahmed Jawad sous couvert d'anonymat.
Selon plusieurs de ses proches, le dramaturge avait alerté le ministère sur sa situation depuis plusieurs semaines, sans que celui-ci ne réagisse à la hauteur de la menace. Après près de trente ans de service dans l'administration et l'animation d'ateliers au Théâtre National Mohammed V, il était parti à la retraite en octobre 2021 avec une pension d'environ 1 300 DH, soit 120 euros par mois : trop peu pour faire vivre sa femme et ses deux enfants.
En conséquence, Ahmed Jawad continuait de travailler en montant des pièces de théâtre dont il vendait les représentations au ministère de la Culture.
Dans une lettre adressée au ministre, Ahmed Jawad a demandé l'achat de 10 représentations, afin de lui permettre de sortir de la précarité. Et c'est à la suite du refus du ministère, qui ne lui propose que deux représentations cette année, qu'Ahmed Jawad aurait entamé une grève de la faim de trois semaines début février. Cela avant de décider, face à l'absence de réaction des autorités, de s'immoler par le feu le 27 mars dernier.
Au ministère de la Culture, on répond que l'institution était en règle avec le dramaturge ; notre source nous fait part de sa tristesse et de son choc. Elle assure que la famille du défunt a reçu une aide financière de solidarité pour faire face à ce deuil.