L'artiste Beni Fadi passe par la musique électronique et afro-house pour préserver sa langue, le mënik, menacée de disparition. Originaire de la région de Kédougou, dans le sud-est du Sénégal, à quelques kilomètres de la Guinée-Conakry, le jeune homme de 37 ans chante dans sa langue maternelle pour faire survivre sa culture et les traditions de sa communauté. Après un premier disque avec trois titres en 2022, il sortira un nouveau single le 7 avril.
De la musique électronique mélangée avec des rythmes, des tambours ou des instruments traditionnels bediks : c'est la recette de l'artiste Beni Fadi, de son vrai nom Benoît Fader Keita. Lui chante dans sa langue maternelle, le mënik, une langue minoritaire en danger au Sénégal, parlée par seulement 3 000 personnes :
« La grande majorité des Sénégalais ne connait pas la langue mënik. C'est ça qui est mon véritable combat, c'est comment maintenir en vie cette langue et cette culture. Alors je me suis dit qu'il fallait vraiment que je chante dans ma langue, ça va pousser les gens à demander "c'est quoi la langue mënik ? Quel peuple parle la langue mënik ?" »
Dans ses paroles, Beni Fadi chante les femmes de la communauté bedik mais il reprend aussi les contes oraux traditionnels qui sont en train de se perdre : « Aujourd'hui, les jeunes, ils n'ont pas le temps de s'assoir et d'écouter les contes, ils sont plus sur leur téléphone. Alors je me suis dit, je vais essayer de faire ces contes, mais en les mettant dans la musique. »
Le mënik est considéré comme l'une des 2 500 langues en danger dans le monde selon l'Unesco.
Le Sénégal compte officiellement 27 langues dont 15 qui sont codifiées et qui peuvent donc être enseignées. Mais à part le mënik d'autres langues minoritaires sont en danger, explique Adjaratou Oumar Sall, chercheuse au laboratoire linguistique de l'Institut fondamental d'Afrique noire (Ifan) de l'université Cheikh Anta Diop de Dakar. Elle a, entre autres, travaillé sur la documentation de la langue mënik depuis 2007.
«Au Sénégal, les langues majoritaires font perdre beaucoup de vocabulaire aux langues minoritaires, donc on essaie de tout enregistrer pour empêcher leur déclin», explique la chercheuse Adjaratou Oumar Sall