Afrique: RSF plaide pour l'élaboration d'un code de conduite pour la sécurité des journalistes en zone de conflits

Dakar — L'ONG Reporters sans frontières (RSF), par la voix du Directeur de son bureau pour l'Afrique subsaharienne, a plaidé, lundi, pour l'élaboration d'un code de conduite pour la sécurité des journalistes en zone de conflits dans les espaces CEDEAO (communauté économique des Etats de l'Afrique de l'ouest) et CEMAC (Communauté économique et monétaire de l'Afrique centrale).

Le Directeur du bureau RSF pour l'Afrique subsaharienne, Sadibou Marong, a fait ce plaidoyer lors du lancement du rapport "dans la peau d'un journaliste au Sahel".

Il estime que cette mesure pourrait aider à "atténuer" la pratique du journalisme dans les "situations particulièrement difficiles" notamment dans la partie du Sahel en proie à des crises armées.

Le rapport présenté à Dakar est une enquête sur "les dangers qui menacent le journalisme dans le Sahel' et décrit "une situation particulièrement difficile" pour les journalistes dans l'exercice de leur métier.

Sadibou Marong a noté que le document d'une quarantaine de pages révèle "à quel point les conditions d'exercice du journalisme se sont détériorées dans cette partie du monde et comment celle-ci est en train de devenir une zone de non-information".

Il a également demandé "la reconnaissance de la norme de certification dans l'espace communautaire comme standard pour la promotion des informations fiables".

Marong a rappelé aux pays du Sahel que la gestion "complexe" des attaques terroristes et la riposte des forces de défense et de sécurité "ne sauraient être un motif pour violer le droit à l'information et la liberté de la presse".

Il a indiqué que RSF a mené "depuis 2022" une campagne "sauver le journalisme dans le Sahel", qui consiste à "fédérer les énergies" dans un contexte d'émergence des groupes armés terroristes.

"Dans la zone du Burkina Faso comme du Mali, de nombreuses radios communautaires très dynamiques qui faisaient un service public d'information très utile aux populations en utilisant les langues locales ont été détruites par les groupes armées", a-t-il regretté.

Il a relevé que le journalisme est mis à "rude épreuve" dans cette partie de l'Afrique.

Selon lui, les dangers sont désormais "multiples au Sahel", avec des Etats qui "imposent des entraves" et "limitent souvent, de façon arbitraire" la liberté de circulation et le droit d'informer des journalistes notamment dans les régions où sont déployés les groupes armés.

Pour Sadibou Marong, "être dans la peau d'un journaliste au Sahel" signifie "devoir faire face à des bandes armées radicales de plus en plus présentes qui n'hésitent pas à assassiner des journalistes ou à les enlever pour s'en servir de monnaie de change".

Il a rappelé que "cinq journalistes ont été tués au Sahel en l'espace de dix ans, tandis que deux autres ont été récemment portés disparus".

Au même moment, a-t-il poursuivi, "des centaines d'autres ont été menacés et ne peuvent plus exercer leur profession sans risquer leur vie".

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