Les accidents sont fréquents dans la ville. La largeur des rues qui autorisent des vitesses excessives et le manque de signalisation sont les causes.
En Côte d'Ivoire, le permis à point est entré en vigueur depuis le 1er mars et sa mise en oeuvre se fait par étape, les autorités ayant choisi de ne pas sanctionner trop vite les conducteurs en infraction pour leur laisser le temps de s'adapter à cette nouvelle réglementation. Dans la ville de Yamoussoukro, capitale politique, située dans le centre du pays, la largeur des avenues et des boulevards offre une fausse sensation de sécurité.
Ces derniers temps, le principal boulevard qui traverse la ville s'est enfin doté de grands feux tricolores pour réguler le trafic. Mais cela n'a pas suffi pour réduire le nombre des accidents dans le centre-ville, explique le ministre gouverneur Augustin Thiam Houphouët, initiateur de ce projet.
"La ville de Yamoussoukro a de grandes avenues que les gens traversent à vive allure. Ils ne respectent pas la limitation de vitesse. Nous avons installé des feux tricolores pour essayer de ralentir le flux de la circulation et ainsi limiter les accidents. Mais la base principale des accidents, c'est l'incivisme, c'est l'indiscipline des chauffeurs."
"Chacun fait ce qu'il veut"
Au quartier 220 logements, Maëva Djè, une restauratrice, croit connaître les raisons de ces nombreux accidents que la ville de Yamoussoukro enregistre chaque jour.
"C'est vrai que les rues de Yamoussoukro sont larges mais malheureusement il n'y a pas de signalisation partout. Donc ça fait que chacun fait ce qu'il veut sur les routes. Chacun se donne des priorités et chacun roule à vive allure. Et puis il faut reconnaitre qu'il y a trop de motocyclistes qui n'ont pas la notion du code de la route", ajoute la restauratrice.
Marcelin Kouassi, chauffeur de taxi à Yamoussoukro depuis huit ans, a souvent des accrochages avec d'autres conducteurs. La cause selon lui, serait qu'"il y a certaines voies où les panneaux ne sont pas visibles. Donc là, le chauffeur ne sait pas comment se comporter. Manque de prudence, il s'engage et ça crée un accident. Moi-même j'ai été victime plusieurs fois de petits accrochages et autres. Je déplore ça."
Henri Michel et Jaurès Kuyo, deux jeunes garçons qui passent leur temps à la gare routière de la capitale, comptent chaque jour plusieurs accidents sur l'axe principal de la ville. Pour eux, ce n'est pas normal avec toutes les infrastructures routières que compte la ville de Yamoussoukro.
"Normalement, avec ces voies, on ne devrait pas avoir d'accidents à Yamoussoukro. C'est parce que ces voies sont larges que certains se donnent le droit de faire ce genre de chose."
"Les gens pensent qu'ils ont de larges routes donc ils peuvent rouler comme ils veulent. Il n'y a pas assez de panneaux de signalisation ici, mais dans les auto-écoles on apprend tous ce genre de choses."
Pendant notre séjour de trois jours dans la capitale politique, le commissariat de la ville a enregistré onze accidents de la circulation, parfois avec des blessés graves. Le plus grave incident reste la collision entre deux autobus, survenue le 5 janvier 2023, qui a fait 14 morts et 73 blessés.