Afrique du Nord: Rapport de l'ONU en Libye - «Les Nations unies ont documenté des cas d'esclavage sexuel»

Des migrants sont assis dans la cour d'un centre de détention en Libye.
interview

La mission d'enquête des Nations unies a « des motifs raisonnables » de croire que des « crimes contre l'humanité » ont été commis dans des centres de détentions pour migrants en Libye, selon son rapport. Cette situation inquiète également Human Rights Watch. L'ONG documente depuis plusieurs années les abus perpétrés dans ces centres.

« Pendant la nuit, les gardes viennent avec une torche, s'approchent des femmes, en choisissent une et la violent. Pendant ce temps, les hommes ont ordre de dormir ». Ces faits perpétrés dans le centre de Bani Walid, à 170 km de Tripoli, sont parmi ceux rapportés par les témoins aux experts de l'ONU. Une situation également documentée par HRW. Entretien avec Hanan Salah, chercheuse sur la Libye au sein de la division Moyen-Orient et Afrique du Nord d'Human Rights Watch.

RFI : Que sait-on des cas d'esclavage sexuel dans ces centres de détention documentés par l'ONU ?

Hanan Salah : Nous avions déjà documenté depuis longtemps des cas d'agressions sexuelles dans des centres de détention, principalement contre des femmes et des filles, parfois contre des garçons et des hommes. Mais ce qui est nouveau et c'est une révélation extrêmement importante : les Nations unies ont désormais documenté des cas d'esclavage sexuel. C'est-à-dire que des personnes sont retenues, et pas seulement retenues contre leur volonté, mais sont forcées de manière répétée à se livrer à des actes sexuels sous la forme d'esclavage. Et comme le disent à juste titre les Nations unies, cela constitue un crime contre l'humanité.

RFI : Selon les experts de l'ONU, l'Union européenne « a aidé et encouragé à la commission de ces crimes ». En quoi exactement ?

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Depuis plusieurs années maintenant, et au moins depuis 2011, l'Union européenne déploie non seulement beaucoup d'efforts, mais aussi beaucoup d'argent pour soutenir des groupes très violents afin qu'ils contiennent les migrants et les demandeurs d'asile en Libye, de sorte qu'ils n'aient aucune chance d'atteindre l'Europe.

L'Union européenne fournit donc des bateaux, des formations... Dans ses dernières recherches, Human Rights Watch a découvert que l'agence européenne des frontières, Frontex, fournit aussi un soutien aérien pour repérer où se trouvent ces bateaux en détresse. Elle transmet ensuite ces informations aux garde-côtes libyens pour leur permettre d'arrêter les personnes et de les renvoyer en Libye.

RFI : Alors quel rôle doit maintenant jouer l'Union européenne, selon Human Rights Watch ?

L'Union européenne doit simplement mettre fin à la pression qu'elle exerce sur les migrants et les demandeurs d'asile en Libye, ils doivent cesser de soutenir les garde-côtes et ces milices abusives qui arrêtent essentiellement des personnes en mer et les ramènent en Libye où elles sont toutes soumises à des conditions inhumaines : battues, violées, ou encore pire que cela.

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