Des soldats sud-soudanais sont arrivés à Goma dans l'Est de la RDC pour renforcer la force régionale est-africaine de l'EAC.
Un contingent de soldats sud- soudanais s'ajoute aux soldats kényans, burundais et ougandais de la force de la Communauté des États d'Afrique de l'Est déjà déployés dans la province du Nord-Kivu, dans l'est de la RDC.
Selon le gouvernement congolais, la mission de cette force, créée en juin dernier, est d'imposer la paix dans l'est de la RDC mais pour son commandant, le général kenyan Jeff Nyagah, la force est déployée pour superviser le retrait des rebelles du M23 des zones qu'ils contrôlent :
"Nous avons convenu que leur première mission est d'assurer la sécurité de la population. Et nous demandons à toutes les organisations humanitaires de pouvoir se déployer dans toutes les zones pour aider cette population."
"Elle n'a jamais mené un seul front"
Accueillie au départ avec enthousiasme au Kivu, la force régionale est-africaine s'attire de plus en plus de critiques de la part de Congolais en raison d'espoirs déçus. La force est bien présente mais elle reste impuissante face aux groupes armés dont le M23.
Edgar Mateso, vice-président de la société civile du Nord Kivu, estime que le bilan de la force régionale est négatif.
"On nous disait qu'il s'agissait d'une force contraignante pour appuyer l'armée congolaise, pour combattre l'ennemi et imposer la paix, déclare-t-il. Malheureusement depuis que cette force régionale est au pays, elle n'a jamais mené un seul front. La crainte pour la population est que la force régionale est venue consacrer la balkanisation du pays", déplore-t-il.
A Kinshasa, une motion du député Claudel Lubaya a été adressée au ministre des Affaires étrangères, la semaine dernière. Le Parlement veut en savoir plus sur le mandat, la durée de cette force régionale ainsi que sur le statut actuel des zones libérées par le M23.
Atteinte à la souveraineté ?
Pour Jacques Djoli, député national membre de la commission Défense et sécurité à l'Assemblée nationale, il est inadmissible d'empêcher l'armée de se deployer sur toute l'entendue du territoire national.
"Nous devons savoir exactement quelle est l'option opérationnelle de la force de l'EAC, explique Jacques Djoli. Parce que pour le peuple congolais, il est inadmissible qu'une partie de notre territoire soit interdite à notre armée, ce qui serait une atteinte grave à notre souveraineté, ce qui serait inadmissible."
Selon la feuille de route adoptée mi-février par des chefs d'État de la région en marge du sommet de l'Union africaine à Addis-Abeba, le M23 devait se retirer totalement des zones qu'il contrôle au plus tard le 30 mars dernier. L'échéance n'a pas été respectée. Mais le commandant de la force est-africaine a laissé entendre que ce retrait se ferait par étapes.
Dialogue avec le M23
Outre la force régionale de l'Afrique de l'Est, l'Angola a donné son feu vert à l'envoi d'environ 500 soldats en RDC. Selon Luanda, leur mission n'impliquera pas d'opérations de combat.
Enfin, dans un communiqué publié ce lundi [03.04.23], le "facilitateur" de l'Afrique de l'Est dans la crise en RDC, Uhuru Kenyatta s'est dit favorable à l'intégration des rebelles M23 dans le processus de paix de Nairobi entre Kinshasa et les groupes armés.