Congo-Kinshasa: Appui à la création artistique - La Plateforme contemporaine lance une nouvelle saison

A l'occasion de la conférence de presse tenue le 4 avril dans sa salle polyvalente, l'espace culturel assurant depuis douze ans un accompagnement multiforme aux artistes a appelé les créateurs à soumissionner pour un appui de trois ans.

Face à plus d'une cinquantaine de créateurs, annonçant l'ouverture de la nouvelle saison de la Plateforme contemporaine (PC) répartie sur trois ans, de 2023 à 2026, Dada Kahindo a spécifié qu'elle dispose d' « une phase test comprise entre avril 2023 et 2024 ». Elle a précisé qu'« un accent sera mis sur les résidences de création quasi inexistantes en accompagnant les différentes phases de la création ».

L'appui accordé aux artistes ira de la recherche à la résidence qui conduit à la création proprement dite. « Nous avons en vue d'accompagner le théâtre, la danse et la musique qui sont des arts vivants. Surtout le théâtre et la danse qui, à mon avis, sont les disciplines le plus en souffrance en ce moment », a souligné d'entrée de jeu la directrice exécutive de la PC. Elle a ajouté, par ailleurs : « Nous allons aussi donner de la place à la photographie suite au constat que les créateurs des arts vivants l'associent beaucoup, tout comme la vidéo ». C'est à cet effet qu'il paraît opportun, a dit l'opératrice culturelle, « d'accompagner aussi cette discipline ».

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Dada Kahindo a précisé que le quota de 70% accordé aux projets portés par les femmes sur l'ensemble des soumissions attendues n'est pas discriminatoire. Rétorquant aux hommes présents dans la salle, la directrice de la PC a expliqué: « Ce n'est pas une discrimination, cette répartition est partie d'un constat réel eu égard au fait qu'en douze années d'activités, nous n'avons accueilli que quatre projets de femmes ».

La nécessité de mettre l'accent sur l'accompagnement féminin s'est imposée suite aux progrès significatifs de deux dames qui ont manifestement su en tirer le meilleur parti. Satisfaite de leur parcours, l'opératrice culturelle a dit au Courrier de Kinshasa : « Elles ont bénéficié de formations et d'un accompagnement rapproché qui les a outillées et donné les capacités pour évoluer avec leurs projets qui sont à présent autonomes et ne dépendent plus de l'appui de la Plateforme ». Partant donc de cette expérience, la PC a résolu de privilégier la gent féminine quitte à la dupliquer. Ce qui revient à dire, a-t-elle confié, d' « user de la même stratégie pour les futurs projets qui nous seront soumis ».

D'artistes à opérateurs culturels

Du reste, les témoignages de trois bénéficiaires du programme de la PC ont convaincu l'assistance de son efficacité. La rappeuse Orakle Ngoy a affirmé : « J'étais au départ une simple artiste. Et, il n'y avait pas un lieu permettait, à nous artistes féminins, de nous exprimer, de travailler et de présenter nos créations qu'importe le médium ». Elle est reconnaissante d'avoir reçu « un soutien important tant sur le plan financier que mental et une orientation ». Orakle Ngoy a précisé: « la Plateforme m'a aidée à me structurer de bout en bout pour devenir autonome et être l'opératrice culturelle que je suis devenue par défaut et dont le travail profite à beaucoup d'autres artistes ».

Pour sa part, artiste plasticienne, Géraldine Tobe a dit: « En 2018, j'ai bénéficié d'un appui pour un travail que je voulais faire sur l'art thérapie, pratiquer de l'art dans le milieu psychiatrique. Artiste visuelle, je ne savais pas comment m'y prendre sur le plan administratif, j'ai sollicité un accompagnement de la Plateforme qui a soutenu mon travail ». Ce qui a abouti à la mise en oeuvre du projet Handicap mental qui a évolué pendant deux ans et demi sous l'aile de la PC. « A ce jour, il est tout à fait autonome et j'ai créé la structure Losa Asbl qui porte Handicap mental mais notre partenariat demeure quoique le projet soit sur pied », a-t-elle ajouté, ravie du résultat.

De son côté, Pepe Elmas Naswa, chorégraphe et danseur des Compagnies Pepenas, La sienne et Losanganya dancing a tenu l'appui assuré par la Plateforme comme une sorte de « porte d'accès et d'opportunités ». Fier de son cheminement, il a témoigné : « Ce que je suis aujourd'hui, je le dois à la Plateforme contemporaine. Elle m'a permis de développer mes capacités et repousser mes limites jusqu'à devenir un chorégraphe confirmé ». Il a du reste aussi soutenu y avoir trouvé les moyens de « structurer ses projets, de préparer les futurs grâce à un soutien de deux ans, de 2014 à 2015 ».

Aucune exigence particulière

En tant qu'administrateur de la PC, Benjamin Tezangi a averti que l'accompagnement de la nouvelle saison s'articule autour d'un « package administratif ». Il a souligné que la part belle sera faite « aux projets innovants ». La PC va établir des contrats avec les auteurs de tous les projets sélectionnés les liant dès l'étape initiale de recherche. « Nous allons nous engager avec l'artiste pour les trois de la première phase de création, la recherche, au cours de laquelle il a la responsabilité de travailler dans son milieu naturel. De son côté, la PC va assurer le suivi administratif des activités réalisées sur le terrain selon le planning établi », a indiqué le responsable administratif.

Au bout des trois mois, « le projet sera soumis à une évaluation lors d'une restitution. S'il est concluant, il sera offert une nouvelle séquence de trois mois d'accompagnement plus soutenu de la création », a-t-il expliqué. A ce niveau, la PC propose des lieux de production où sera présenté le travail effectué en coulisses.

C'est là que sont mis à contribution ses partenaires habituels, à savoir le Centre culturel le zoo, le Tarmac des auteurs, la Compagnie théâtrale des intrigants, les Ateliers Losa qui, à tour de rôle, vont accueillir la création. Au terme de cette nouvelle phase, évaluée de la même manière que la précédente, la PC va élaborer un dossier professionnel pour assurer au mieux la promotion du travail accompli par l'artiste.

Pour l'heure, a indiqué Dada Kahindo, « une commission travaille sur les critères d'admission des projets. Ils seront communiqués d'ici à la semaine prochaine sur notre page Facebook et les réseaux sociaux afin de permettre aux artistes de postuler ». Néanmoins, quoi qu'il en soit, elle a souligné que la PC ne se montre pas rigide à ce niveau. « Le dépôt des projets peut se faire de la manière qui conviendra aux artistes sans restriction. Qu'importe que ce soit un dossier en dur, par mail ou même oralement, nous n'avons d'exigence particulière », a-t-elle tenu à préciser.

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