Louanges à Allah, qui a prescrit le pèlerinage, empreint de fortes spiritualités et de valeurs éducatives pour enseigner le musulman et le rendre digne de Son agrément. Que Sa paix et Ses bénédictions soient en abondance sur ce noble messager ainsi que sur tous les croyants de tous les temps. Le pèlerinage est le cinquième des cinq piliers de l'Islam. Il a un caractère obligatoire pour le musulman qui doit l'accomplir au moins une fois dans sa vie. Tout comme la Zakat, cette obligation concerne ceux qui ont les moyens conformément à la parole d'Allah dans le noble Coran : « Il incombe aux hommes, à celui qui en possède les moyens d'aller, pour Allah, en pèlerinage à la maison » S3V97. L'accomplissement du pèlerinage a beaucoup de mérite pour le musulman. Il permet l'absolution de l'ensemble des péchés de celui qui l'accomplit. Il retourne du pèlerinage avec un cahier vierge pour ce qui est de ses mauvaises actions.
En effet, le Prophète nous informe que : « Celui qui accomplit le pèlerinage sans commettre des actes impudiques, ni de péchés, reviendra tel qu'il était au jour où sa mère l'a enfanté ». Il va plus loin pour indiquer la félicité éternelle comme rétribution du pèlerinage bien accompli comme cela est indiqué dans sa parole : « Un pèlerinage pieusement accompli n'a d'autre récompense que le Paradis ». L'espoir de l'ensemble des ces bénédictions et le gain de l'éducation des actes du pèlerinage font que chaque musulman a pour souci d'avoir les moyens pour l'accomplissement de ce devoir religieux. Certains cotisent pendant plusieurs années afin de pouvoir s'acquitter de cette obligation d'une vie. Toutefois, nous avons, essentiellement deux remarques à souligner pour ce qui de l'accomplissement du pèlerinage par les musulmans d'un pays comme le Burkina Faso. La première remarque est que le pèlerinage est pratiqué au Burkina Faso par, très souvent, une forte population du troisième âge.
Ils sont déjà sous le coup de l'âge avec, parfois, une faible mobilité et une santé assez fragile. Un compagnon du nom de Lakit ben Amer vint trouver le Prophète et lui dit : « Mon père est un vieillard qui ne peut accomplir ni le pèlerinage ni la visite pieuse ou supporter le voyage ». « Accomplis le pèlerinage, lui répondit-il et fais la visite pieuse à sa place ». Il faut souligne que beaucoup des rites du petit (Oumra) comme du grand (hajj) pèlerinage nécessitent une aptitude physique ; ce qui, très souvent, manque à nos pèlerins déjà fatigués par le poids de l'âge et des maladies. La sincérité et la sagesse voudraient qu'il y ait une grande sensibilisation par les responsables de la communauté, les Imams et les responsables des agences qui organisent le voyage pour qu'il y ait soit des dispositions particulières concernant ces personnes ou qu'on les fasse remplacer comme cela est mentionner dans la parole du Prophète.
Le problème, aussi, est que ce sont souvent des enfants, qui, eux-mêmes n'ont pas encore accompli le pèlerinage qui paient pour que leurs parents le fassent. Le mieux aurait été qu'ils accomplissent eux-mêmes d'abord avant de songer à le faire pour leurs parents incapables de le faire ou de bien le faire. Malheureusement, nous dans une dynamique traditionnelle, qui n'a rien à voir avec l'Islam qui est que l'enfant ne peut accomplir le pèlerinage avant ses pères et mères. Il ne sera pas demandé des comptes aux parents s'ils décèdent sans l'accomplir faute de moyens. Ce qui ne sera pas le cas de l'enfant s'il a les moyens. La seconde remarque concerne les prétendants à l'accomplissement du pèlerinage. Allah est clair quand Il parle de ceux qui ont les moyens. Il ne s'agit nullement d'importuner les riches en les négociant pour qu'ils vous inscrivent. Est-ce que vous négocier l'agent pour prélever la Zakat ?
Il ne s'agit pas non plus de menacer de maudire ses enfants tant qu'ils ne vous inscrivent pas au pèlerinage. Si Allah vous veut au pèlerinage, restez tranquilles, ce sera une réalité. Aussi, il faut rappeler à ceux qui ont les moyens de regarder les priorités des gens dans leurs actions de bienveillance. Quelqu'un qui a du mal à se nourrir et à nourrir sa famille, celui pour qui la dignité est exposée parce que la cour n'a ni mur ni porte, la maison n'ayant pas une bonne toiture en plus et c'est l'inscription au pèlerinage à coût de millions qui est ta priorité concernant une telle personne ! Il nous faut véritablement revoir les besoins surtout dans ce contexte difficile avec près de 2 000 000 (deux millions) de déplacés internes. Je rappelle ce hadith du Prophète qui recadre un compagnon par rapport aux priorités. Abdullah ibn Amr ibn Al Âṣ relate qu'un homme vint voir le Prophète et lui dit : « Ô Envoyé d'Allah ! Je te prête serment en m'engageant à émigrer et à combattre dans la voie d'Allah, recherchant en cela Sa récompense, Gloire et Pureté à Lui. - Te reste-il un parent en vie ? lui demanda le Prophète.
- Oui ! répondit l'homme, les deux même. - Recherches-tu vraiment la récompense auprès d'Allah ? - Oui ! insista le Compagnon. - Retourne auprès de tes parents et tiens leur compagnie de la plus belle des manières ! » Aussi, Abou Houraïra a rapporté qu'on a interrogé le Prophète : « Quelle est la meilleure des oeuvres ? ». « La foi en Allah et en Son Messager », répondit-il. « Ensuite ? », reprit-on. « Le combat dans le chemin d'Allah ». « Ensuite ? ». « Un pèlerinage pieusement accompli ». Et c'est ce combat dans le chemin d'Allah qu'il a placé avant l'accomplissement du pèlerinage qu'il a dit de laisser pour aller bien s'occuper des parents. Seigneur Allah, enseigne-nous de la bonne manière et donne-nous Ta satisfaction. NB : La foi musulman est une foi active qui nous impose un devoir de présence.
Dr Inoussa COMPAORE Imam à l'AEEMB et au CERFI