Libye: Des migrants réduits à l'esclavage sexuel

Des cas d'esclavage sexuel ont été constatés dans les centres de détention et les camps de migrants, selon un rapport d'une mission d'enquête de l'Organisation des Nations unies (ONU) publié le 5 avril.

Les exactions décriées sont commises « contre des Libyens et des migrants » dans divers lieux de détention. Cette situation inquiète également Human Rights Watch qui documente depuis plusieurs années les abus perpétrés dans des centres de détention.

Le groupe d'experts chargés d'évaluer la situation des droits humains en Libye avait déjà évoqué de probables crimes contre l'humanité dans les centres de détention et contre les migrants dans ce pays, mais c'est la première fois qu'il se penche sur la question de l'esclavage, à l'occasion de la publication de son dernier rapport.

Selon Tracy Robinson, membre de la mission qui s'est exprimé lors d'une conférence de presse à Genève, en Suisse, l'esclavage sexuel touche en particulier les femmes, mais des violences sexuelles peuvent aussi viser des hommes, « en particulier ceux exprimant des opinions politiques dissidentes ou perçues comme telles ».

En matière d'esclavage sexuel, le rapport pointe deux plaques tournantes du trafic de migrants : Bani Walid et Sabratah. « Les migrants sont réduits en esclavage dans des centres de détention officiels ainsi que dans des prisons secrètes, où des viols sont commis », indique-t-on.

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La mission, qui n'a pas été autorisée à se rendre dans le Sud du pays ni dans les centres de détention, a également documenté de nombreux cas de détention arbitraire, de meurtres, de torture, d'exécutions extrajudiciaires et de disparitions forcées.

Les enquêteurs font état « de crimes contre l'humanité commis à l'encontre de migrants dans des lieux de détention placés sous le contrôle de la Direction de la lutte contre la migration illégale , des garde-côtes libyens et de l'Autorité de soutien à la stabilité », a déclaré le président de la mission, Mohamed Auajjar, soulignant que ces entités reçoivent un soutien technique, logistique et financier de l'Union européenne.

La mission d'enquête de l'ONU se dit profondément préoccupée par la détérioration de la situation des droits humains en Libye, concluant une fois de plus qu'« il y a des raisons de croire qu'un large éventail de crimes de guerre et de crimes contre l'humanité a été commis par les forces de sécurité de l'État et les milices armées ».

Selon Human Rights Watch, l'Union européenne doit simplement mettre fin à la pression qu'elle exerce sur les migrants et les demandeurs d'asile en Libye. Selon les experts de l'ONU, l'Union européenne « a aidé et encouragé la commission de ces crimes », ajoutant: « Depuis plusieurs années maintenant, et au moins depuis 2011, l'Union européenne déploie non seulement beaucoup d'efforts, mais aussi beaucoup d'argent pour soutenir des groupes très violents afin qu'ils contiennent les migrants et les demandeurs d'asile en Libye, de sorte qu'ils n'aient aucune chance d'atteindre l'Europe ».

Le chaos qui a suivi la chute de Mouammar Kadhafi en 2011 a fait de la Libye une voie privilégiée pour des dizaines de milliers de migrants cherchant à rejoindre l'Europe.

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