Mali: Survol de Kidal par des avions des FAMA - La guerre plane-t-elle au-dessus de l'Azawad ?

analyse

Depuis la suspension de la participation des ex-rebelles dans la mise en oeuvre de l'accord d'Alger en décembre dernier, la tension va crescendo entre Bamako et les indépendantistes du Nord.

Chaque jour que Dieu fait, plutôt que de se rassembler autour du processus de paix et de réconciliation, les deux camps s'accusent mutuellement d'actes contraires à l'esprit du fameux arrangement.

Alors qu'on se demandait comment parvenir à éviter le clash, ou à tout le moins, à ramener les deux parties autour de la table de discussion, le spectre de la reprise des hostilités vient hanter les esprits.

En effet, hier mercredi 5 avril 2023, veille du onzième anniversaire de la déclaration d'indépendance de l'Azawad, un avion de chasse de l'armée malienne a effectué des rotations au-dessus de Kidal, essuyant des tirs de sommation de la Coordination des mouvements de l'Azawad (CMA). Les mêmes scènes se sont reproduites à Ber, Anefif et Amassine, des localités du septentrion malien sous contrôle des ex-rebelles. La CMA a dénoncé dans un communiqué une « violation patente du cessez-le-feu du 23 mai 2014 et une provocation grave » avant de décliner « toutes responsabilités et conséquences issues de tels agissements ».

Ce survol des zones sous contrôle des indépendantistes vient s'ajouter à une longue liste d'actes de défiance et d'accusations réciproques qui ont émaillé la relation entre la CMA et les autorités maliennes ces derniers mois.

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Les groupes armés ont par exemple refusé de s'associer au projet de nouvelle Constitution et ont rejeté le texte. Ils ont également mobilisé en février dernier plusieurs centaines de véhicules et près de 3000 hommes pour une opération de sécurisation du Nord sans y associer les Forces armées maliennes (FAMA). La CMA, par ailleurs, accuse Bamako de manque de volonté politique dans la mise en oeuvre de l'accord d'Alger.

Les autorités maliennes, elles, accusent, entre autres, les ex-rebelles d'actions qui entravent le fonctionnement des bataillons de l'armée reconstituée et, plus grave, de collusion avec des groupes terroristes.

Le dernier incident en date va-t-il sonner le glas d'un processus de paix qui depuis sa signature en 2015 n'a toujours pas donné de résultats concrets sur le terrain ? Malgré les engagements fermes et serments enflammés, tout se passe comme si chaque partie avait un agenda caché.

En tout cas, tous les éléments semblent aujourd'hui rassemblés pour un nouveau départ de feu dans un pays déjà confronté à l'hydre terroriste et qui est en peine malgré la « montée en puissance » des FAMA avec l'acquisition de matériel de guerre high-tech du partenaire russe et la présence de supplétifs de Wagner.

En tout état de cause, Bamako gagnerait à ne pas ouvrir un nouveau front avec les groupes signataires de l'Accord d'Alger au risque de disperser ses forces. Autrement, les terroristes en profiteraient.

En face, on gagnerait aussi à ne pas trop faire dans la surenchère dans le secret espoir de raviver les velléités indépendantistes qu'on l'on croyait à jamais éteintes.

Gageons donc que la sagesse sera la chose la mieux partagée entre les deux parties afin d'éviter une nouvelle déflagration dont les conséquences pourraient aller au-delà des frontières maliennes.

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