S'achemine-t-on vers une paix des braves dans l'Est de la République démocratique du Congo (RDC) ? C'est la question que plus d'un observateur se pose et ce, au regard de l'évolution de la situation sur le terrain. En effet, même s'il n'est pas encore total, le retrait du M23 de ses positions, a débuté depuis quelque temps.
La rébellion s'est retirée de trois agglomérations dans le Masisi, à savoir Mushaki, Kilolirwe et Kitshanga. Et ce n'est pas tout. Les rebelles ont aussi accepté de quitter Bunagana qu'ils occupaient depuis quelques mois. Quant aux positions toujours occupées, ils ont pris l'engagement de les libérer au plus tard en mi-avril.
Toutes ces informations ont été confirmées par le médiateur mandaté de l'EAC, l'ex-président kényan, Uhuru Kenyatta, qui, eu égard aux avancées enregistrées sur le terrain, plaide pour l'intégration du M23 dans le processus de négociations. Morceau choisi : « Ces développements signalent qu'un plus grand nombre de groupes armés se conforment désormais au processus de Naïrobi et sont donc de plus en plus susceptibles d'être tous intégrés dans la voie politique... ».
Pour le facilitateur kényan, dans la mesure où le M23 a respecté les engagements pris auprès de la communauté internationale non seulement en cessant les hostilités, mais aussi en actant son retrait de certaines de ses positions, il n'y a pas de raison de l'exclure du processus de Naïrobi. Seulement, sera-t-il entendu par Kinshasa ? La question reste posée.
C'est l'occasion ou jamais de travailler à trouver une solution politico-diplomatique durable
D'autant que pas plus tard que le 3 avril dernier, le porte-parole du gouvernement congolais réaffirmait la position des autorités qui rejettent toute possibilité de négocier avec le M23 qu'elles considèrent comme un groupe « terroriste ». Autant dire que la tâche du médiateur kényan, pour ainsi dire, s'annonce ardue et titanesque. Il aura de la peine à rapprocher les différentes parties en conflit.
A moins que, prenant la mesure de la situation et conscient que les mêmes causes produisent toujours les mêmes effets, le président Félix Tshisékedi n'accepte de descendre de son piédestal en tendant la main au M23. Toute autre posture ne fera que réunir les conditions d'une prochaine future déflagration avec toutes les conséquences qui vont avec.
A preuve, si après avoir été vaincu militairement en 2013, le M23 a repris les armes une décennie plus tard, c'est parce que certains problèmes de fond soulevés n'avaient pas été résolus. Kinshasa avait eu tort de croire que l'on peut résoudre par les armes, un problème aux relents politiques.
En tout cas, c'est l'occasion ou jamais de travailler à trouver une solution politico-diplomatique durable à la grave crise sécuritaire que connaît la partie orientale de la RDC. Pour cela, il faudra que Kinshasa se garde de tout triomphalisme au risque de voir dérailler le processus en cours qui produit déjà des résultats encourageants.