Burkina Faso: 60 ans requis contre un bandit de grand chemin

Maillet de justice

60 ans requis contre un bandit de grand chemin

Le 4 octobre 2021, tôt le matin, la route nationale 10 (axe-Bobo-Dioulasso-Dédougou) enregistrait un braquage. Des passagers des cars de transport en commun ont été dépouillés de leurs numéraires et autres biens. Trois jours après l'attaque, les enquêtes préliminaires (l'historique des appels et la géolocalisation du téléphone) ont permis d'identifier D.B. comme auteur présumé de cet acte de grand banditisme.

Ce vendredi 31 mars 2023, il était devant les juges de la chambre correctionnelle du Tribunal de grande instance (TGI) de Bobo-Dioulasso pour s'expliquer. Comme à la gendarmerie et devant le juge d'instruction, D.B. a nié toute responsabilité dans cette attaque à main armée. Pour sa défense à l'enquête préliminaire, il prend à témoin B.J. qui serait chez lui ce jour-là.

D'ailleurs, il aurait eu l'information de cette attaque par ce dernier. Des allégations que son témoin balaie du revers de la main à la gendarmerie, selon le procureur du Faso. La confrontation, a poursuivi le ministère public, a formellement prouvé que B.J. n'était pas chez le prévenu le jour de l'attaque.

Le second témoin, D.A., cité pour se défendre n'a pas pu aussi sortir D.B. de l'affaire. A son interrogation par les pandores, il indiquait que dans la matinée de l'attaque, cette dernière l'a appelé au sujet de leur enfant malade qu'il devrait amener en consultation.

« Il y a eu effectivement un échange téléphonique ce jour entre le prévenu et D.A., mais c'est à 11 heures 28 minutes, donc largement après l'attaque qui a été perpétrée tôt le matin », a fait savoir le procureur du Faso à l'audience.

En plus de ces deux témoignages qui le confondent, certaines victimes de ce braquage l'ont formellement identifié par sa tenue ce jour-là, aux dires du parquet. Malgré ces éléments accablants, D.B. a continué à réfuter les faits à lui reprochés. « D'habitude, je ne sors de chez moi qu'après 8 heures pour la ville pour acheter des animaux car je fais le commerce de bêtes. Donc ce jour, j'étais chez moi à l'heure de l'attaque », tente-t-il de justifier.

La géolocalisation de son téléphone, à en croire le procureur, dit le contraire, en ce sens que son téléphone a été localisé sur les lieux à l'heure de l'attaque. Les faits sont suffisamment caractérisés, selon le ministère public qui a requis que D.B. soit maintenu dans les liens de la détention.

En répression, il a requis une peine de 60 ans de bail à la Maison d'arrêt et de correction de Bobo-Dioulasso dont 40 de sureté et une amende d'un million F CFA avec sursis. A la traduction des réquisitions en dioula, D.B, en larmes, jurant ne pas être l'auteur de l'attaque, s'est remis à Dieu et aux juges qui peuvent le sauver de cette situation. Il doit patienter jusqu'au 14 avril 2023 pour être fixé sur son sort.

« Vous êtes en mesure de ravitailler les terroristes en carburant »

De retour d'une livraison de carburant dans une mine d'or de la région des Cascades, le 28 mars dernier, S.M.K., 46 ans, chauffeur de citernes dans une société de transport, célibataire et père de 3 enfants, s'est fait épingler dans une livraison frauduleuse de carburant. Dans les faits, il livrait 13 bidons de 25 litres de carburant dans la ville de Péni (localité située à 30 kilomètres de Bobo-Dioulasso) à O.A., âgé de 37.

Ce mardi 4 avril 2023, les deux étaient devant les juges de la chambre correctionnelle du TGI de Bobo-Dioulasso pour répondre respectivement des faits de vol (S.M.K.) et de recel (O.A). De l'enquête préliminaire, à l'audience correctionnelle, les deux ont reconnu les faits.

En effet, c'est une patrouille militaire sur l'axe Bobo-Dioulasso-Banfora, selon le récit du procureur du Faso, qui a appréhendé S.M.K. et O.A en train de faire la transaction du carburant. « Etiez-vous au courant que le gouvernement, au regard de la situation sécuritaire, a interdit la vente du carburant en détail dans les bidons ? ».

A cette question du tribunal, S.M.K. répond par l'affirmative. « Ce qui veut dire que si vous êtes capable de stationner au bord d'une voie pour livrer le carburant à O.A., cela veut dire que vous êtes en mesure de ravitailler les terroristes, du moment où vous ne vous êtes pas rassuré de la moralité de votre fournisseur avant de lui livrer », rétorque le parquet.

Et d'ajouter que les deux ont eu la chance que les faits se soient déroulés dans la journée parce qu'ils pouvaient se faire abattre par cette patrouille si c'était la nuit. Le conseil du conducteur a embouché la même trompette, en faisant savoir que les deux ont bien reconnu le danger qu'ils couraient dans cette affaire.

Quant au receleur, les enquêtes préliminaires, selon le ministère public, ont révélé qu'il n'était pas à sa première fois d'acheter du carburant dans ces conditions. Estimant que les faits de vol et de recel sont suffisamment caractérisés, le procureur a demandé à la Cour de maintenir les deux prévenus dans les liens de prévention.

Au regard de leur statut de délinquants primaires, aussi, ils ont fait preuve de remords en reconnaissant les faits. Le parquet en répression a requis une peine de prison de 12 mois et une amende d'un million F CFA avec sursis contre eux. Le tribunal a partiellement suivi le parquet (O.A. a été condamné à une amende de deux millions F CFA dont un million ferme).

Son statut WhatsApp le conduit devant les juges

Le 13 février 2023, un citoyen portait plainte devant les autorités judiciaires pour vol de son ordinateur et de son téléphone portable. Des objets, déclarait-il, volés dans son véhicule à l'école de son enfant. Quelques jours après la plainte, il revient signifier avoir aperçu les photos de son ordinateur sur le statut WhatsApp de S.B. Interpelé, S.B. dit avoir reçu deux ordinateurs de son ami vendeur de téléphones portables B.I. qui lui demandait de les garder pour lui.

Et c'est par mégarde, a-t-il fait savoir à la barre de la chambre correctionnelle du TGI de Bobo-Dioulasso, ce vendredi 31 mars 2023, qu'il a publié les images des appareils sur son statut WhatsApp en voulant les envoyer à un ami qui s'était manifesté d'acheter un.

Cette mémoire de défense n'a pas convaincu le procureur du Faso qui a estimé que c'est lorsque le prévenu s'est senti pris au piège car ses contacts qui ont aperçu les images de l'ordinateur lui demandaient le prix d'achat qu'il s'est précipité pour les effacer.

Aussi, le parquet estime que le prévenu savait bel et bien que son Ami B.I., vendeur de téléphones portables, ne commercialisait pas des ordinateurs. En demandant à la Cour de le déclarer coupable des faits de recel, le parquet a requis 24 mois de prison dont 12 ferme contre S.B.

Le conseil de la défense qui prétend que son client ignorant l'origine frauduleuse des ordinateurs, ne peut pas être coupable des faits de recel. C'est pourquoi, il a émis le voeu que son client soit relaxé au bénéfice du doute. L'avocat a été suivi par la Cour qui n'a pas trouvé d'éléments tangibles pour établir la culpabilité du prévenu qui a été renvoyé des faits de recel au bénéfice du doute.

Il disparait avec 2 millions F CFA d'un commerçant de maïs

Agé de 35 ans et père de 3 enfants, A.O., employé de commerce, était à la barre du TGI de Banfora, ce 4 avril 2023, pour détournement ou dissipation portant sur la somme de 2 millions F CFA, au préjudice de T.S., commerçant de maïs. Les faits remontent en janvier dernier lorsque A.O., arrêté devant son magasin, aperçoit au passage un camion bien chargé de maïs de sa victime T.S.

Dès le lendemain, il rentre en contact avec T.S. pour lui proposer du maïs qu'il aurait en stock. T.S. est un peu retissant et déclare ne pas disposer de liquidité du fait que sa dernière livraison n'a pas encore été achetée. Du fait de son insistance, T.S. lui donne une première tranche d'un million F CFA accompagnée de décharge.

Un montant que A.O. juge insuffisant parce qu'il venait de recevoir encore une importante quantité de maïs de la part de ses fournisseurs. Pour cela, il lui faut encore un autre million F CFA en signifiant que T.S. peut venir chercher la marchandise le surlendemain. Rassuré, T.S. accède à sa demande et lui fait aussitôt le transfert d'argent.

Le jour d'après, T.S. appelle A.O. pour lui signifier qu'il allait passer le lendemain enlever sa marchandise, mais la communication s'interrompt et il ne parviendra plus à le joindre jusqu'à ce que ses investigations le localisent dans une autre ville après un mois et demi. C'est à la suite d'une course- poursuite que T.S. parvient à appréhender son bourreau qu'il remet aux forces de l'ordre. Informé, le père du prévenu, avant l'enrôlement du dossier, a remboursé la moitié des deux millions F CFA en donnant un délai pour le reste.

A la suite des débats à la barre, le parquet, convaincu de la culpabilité de A.O., a demandé à la Cour de le condamner à 24 mois de prison dont 12 ferme et à une amende ferme d'un million F CFA. Déclarant O.A. coupable des faits, le tribunal l'a condamné à 24 mois d'emprisonnement dont 18 ferme et à 500 000 F CFA assortis de sursis d'exécution.

AllAfrica publie environ 500 articles par jour provenant de plus de 100 organes de presse et plus de 500 autres institutions et particuliers, représentant une diversité de positions sur tous les sujets. Nous publions aussi bien les informations et opinions de l'opposition que celles du gouvernement et leurs porte-paroles. Les pourvoyeurs d'informations, identifiés sur chaque article, gardent l'entière responsabilité éditoriale de leur production. En effet AllAfrica n'a pas le droit de modifier ou de corriger leurs contenus.

Les articles et documents identifiant AllAfrica comme source sont produits ou commandés par AllAfrica. Pour tous vos commentaires ou questions, contactez-nous ici.