Au Maroc, une manifestation a eu lieu contre un jugement rendu par la justice dans une affaire de viol sur mineur qui a émeut tout le pays. Trois hommes qui ont violé à plusieurs reprises une petite fille de 11 ans ont été condamnés à des peines allant jusqu'à deux ans de prison. Les manifestants dénoncent une décision judiciaire « laxiste ».
Ils étaient plus d'une centaine à répondre à l'appel lancé par « Rabii el Karama », la coalition du Printemps de la dignité, une coalition d'associations marocaines de défense des droits humains. Pancartes et banderoles à la main, regards graves, les manifestants scandent « où est l'égalité » après le jugement rendu par la justice marocaine dans l'affaire des violeurs d'une fillette de 11 ans.
Les trois hommes jugés pour ce crime ont été condamnés à peine allant jusqu'à deux ans de prison. « Nous nous sommes rassemblés aujourd'hui pour demander comment la justice a pu rendre cette décision alors que la loi dit que le viol sur mineur est puni de 10 à 20 ans de prison. Nous demandons non seulement que le jugement soit revu, mais aussi que le code pénal soit modifié », explique Khadija Zeriri, co-organisatrice du rassemblement.
Les participants demandent également qu'un code de l'enfant soit mis en place pour encadrer les décisions de justices liées à des affaires de violences sexuelles sur mineurs. Pour Ghizlane Mamoouni, présidente de l'association Kif mama kif baba, qui milite pour l'égalité entre les deux sexes, cela permettrait de contraindre les juges à infliger des peines plus lourdes.
« Ce pouvoir d'appréciation laissé au juge, qui existe donc dans tous les pays du monde et qui, en temps normal, peut être très utile pour apprécier des cas particuliers, et bien là, est utilisé pour donner un message d'impunité totale aux violeurs d'enfants, aux pédocriminels. Et ça, c'est inacceptable », tance-t-elle.
Le ministre de la Justice s'est dit lui aussi « frustré et choqué » par le verdict. De son côté, le parquet a fait appel de cette décision et le procès débute jeudi à la Cour d'appel de Rabat.
« L'application des lois et le durcissement des sentences »
Mais cette affaire n'est pas un cas isolé. Médias et ONG alertent fréquemment sur les cas de violences sexuelles dans le pays. Les organisations de la société civile appellent donc à des sanctions plus sévères. Pourtant, le Code pénal marocain est pourtant très clair : les auteurs de viol encourent théoriquement jusqu'à 30 ans d'emprisonnement. Alors, que nous dit cette affaire de la façon dont la Justice marocaine traite les crimes sexuels, notamment en ce qui concerne les mineurs ? « Il faut qu'on travaille davantage sur l'application des lois et le durcissement des sentences », répond Khaoula Assebab, présidente de Jossour forum des femmes marocaines, une association qui travaille à l'amélioration de la situation des femmes au Maroc et dans le monde.
Un crime aussi atroce ne doit pas laisser de marge aux juges pour alléger la peine à ce point.
Khaoula Assebab, présidente de Jossour forum des femmes marocaines