Cote d'Ivoire: Affaire / « II faut rechercher les vrais criminels de la crise postélectorale » - Quand Laurent Gbagbo se moque de ses innombrables victimes

Sacré Laurent Gbagbo. Qui n'a pas encore compris qu'il était à la tête de la Côte d'Ivoire au moment où elle vivait la plus grande et violente crise de son histoire. 3000, c'est le chiffre officiel des personnes tuées lors de cette crise par les forces armées avec pour chef suprême, le chef de l'Etat d'alors. C'est clair comme de l'eau de roche, c'est au nom de Laurent Gbagbo et pour son compte que sa soldatesque s'est déchaînée en 2010 sur les Ivoiriens en commettant les crimes les plus barbares. Et, l'ex-chef de l'Etat reconnaît cela.

En effet, il ne manque plus d'occasions pour réclamer la libération des soldats qui ont agi en son nom avant d'être jugés et condamnés par la justice ivoirienne. Selon lui, étant à la tête de l'armée, s'il a été innocenté par la justice internationale, il n'y a pas de raison que les militaires qui étaient en mission pour lui permettre de conserver le fauteuil présidentiel en dépit de sa lourde défaite dans les urnes face à son rival, Alassane Ouattara, soient maintenus en prison. Ainsi, il reconnaît avoir mis en mission ses commandants de guerre, notamment le général Dogbo Blé Bruno, commandant de la garde républicaine au moment des faits, et le commandant Anselme Séka Séka, aide de camp de l'ancienne Première dame Simone Ehivet Gbagbo, qui se sont illustrés dans la commission des crimes crapuleux pendant la crise postélectorale.

Mais, il se dit innocent de tout. Samedi dernier, devant ses militants à Yopougon à l'occasion de la fête de renaissance initiée par son parti le PPA-CI, Laurent Gbagbo s'est une fois de plus lâché et comme à son habitude, il s'est lancé dans un jeu de victimisation et de désignation de boucs émissaires en ce qui concerne les événements meurtriers de la crise qu'il a voulue, qu'il a préparée, entretenue et fait exécuter par les soldats acquis à sa cause. Pour lui, son acquittement par la CPI veut dire qu'il faut rechercher les vrais criminels ailleurs. « On m'a arrêté et jugé pour les crimes de la crise de 2011 et le 31 mars j'ai été acquitté, mon innocence a été prononcée. Il faut donc continuer à rechercher les vrais criminels de la crise de 2011 si la Côte d'Ivoire veut être une nation de paix, de justice et de vérité », a-t-il déclaré devant ses partisans rassemblés à la place Ficgayo.

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Cependant, pour le professeur de philosophie, Alexis Dieth, qui a réagi au discours de Laurent Gbagbo à travers les réseaux sociaux, il faut rappeler à l'ancien chef de l'Etat que le principe de responsabilité est le code d'honneur obligatoire du politicien. Et, sa responsabilité dans la crise postélectorale est plus qu'évidente. Son acquittement par la CPI ne saurait donc cacher cela. Les vrais criminels qui ont tué et torturé les , il les connait et quelques uns de ces derniers convoqués devant les tribunaux nationaux sont passés aux aveux avant leur condamnation. Mais, l'homme s'est toujours exempté de ses responsabilités. Sinon, il est aisé de comprendre qu'étant le premier citoyen au moment des faits, ses choix, ses décisions, ses discours ont eu des conséquences désastreuses. Mais, en lieu et place d'assumer ces conséquences qui ont coûté la vie à de milliers d'Ivoiriens pendant que d'autres gardent à vie les stigmates de cette violente et meurtrière crise, celui que les médias ont surnommé « le boucher des lagunes » pendant son magistère a décidé de remuer le couteau dans la plaie en narguant ses victimes et en menaçant la paix sociale.

Mais, les Ivoiriens ne sont pas dupes. Ils ne se laisseront pas distraire. Car, ils savent que l'acquittement de Laurent Gbagbo par la CPI ne veut absolument pas dire qu'il n'est pas responsable des 3000 morts causés par la crise postélectorale. C'est bel et bien lui qui a refusé de céder le pouvoir au vainqueur du deuxième tour de la présidentielle de 2010, l'actuel Président de la République, Alassane Ouattara. Pour protéger son pouvoir illégitime, il a lancé ses « chiens de guerre » aux trousses de tous ceux qui ne partageaient pas sa volonté de confisquer le pouvoir. La suite, on la connaît.

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