Ile Maurice: Dialysés décédés en 2021 - Une enquête judiciaire réclamée

Plus de deux des 11 décès considérés comme négligence médicale

Il y a du remue-ménage dans les couloirs du ministère de la Santé concernant le rapport du Fact-Finding Committee sur les 11 dialysés morts en 2021 à l'hôpital de Souillac. Le rapport fait état de plus de deux cas de négligence médicale parmi les 11 personnes décédées. Or, selon nos informations, la Santé a pris la décision de ne traiter que deux cas comme telle. N'y a-t-il pas une obligation de considérer tous les cas mentionnés comme de la négligence médicale ? «C'est une zone grise. Le comité fait son rapport et le soumet. Son rôle s'arrête là. La suite, c'est au niveau du ministère de tutelle que cela se décide» avance-t-on parmi ceux qui traitent le dossier.

Que dit le rapport dans les cas considérés comme négligence ? Très peu d'informations ont fuité. «Déjà, il faut savoir que le rapport a été remis il y a quelque temps déjà. Il y a eu plusieurs niveaux de négligence», explique notre source, qui refuse d'en dire plus. Mais elle est d'avis que s'il y a une enquête judiciaire ou un autre procès devant la justice, le rapport sera probablement versé au dossier, ce qui aiderait les familles concernées. La version officielle du ministère la Santé, que nous avons sollicité, est attendue. Toutefois, à la radio hier, le ministre de la Santé, Kailesh Jagutpal, n'a encore une fois parlé que de deux cas.

Or, non satisfaits que seuls deux des plusieurs cas soient considérés comme de la négligence médicale, la Renal Disease Patient's Association (RDPA) et les parents qui ont perdu un être cher, comptent envoyer une lettre au Directeur des poursuites publiques et au Solicitor General. Ils estiment qu'une enquête judiciaire doit être ouverte sur les 11 cas, qui sont jugés comme des négligences, avance Bose Soonarane, secrétaire de la RDPA.

«Vu que le rapport du Fact Finding Committee n'a jamais été rendu public et que le ministère a découvert qu'il y a certains cas où l'on évoque une négligence médicale, alors il faut ouvrir une enquête judiciaire. La balle est dans leur camp car il y a eu mort d'homme dans des situations des plus troublantes.» Bose Soonarane ajoute qu'après une consultation avec leurs hommes de loi, les proches des patients dialysés décédés envisagent aussi de faire une déposition à la police pour homicide.

Il confie que les proches des victimes sont troublés, surtout après avoir obtenu une lettre du ministère de la Santé pour leur faire part des retombées du Medical Complaint Standing Committee. «Beaucoup d'entre eux étaient dans l'incompréhension. Les mots utilisés ne leur ont pas fait comprendre qu'il y a eu négligence médicale. Ce n'est qu'à l'issue d'une rencontre que nous avons eue mardi qu'ils ont réalisé l'importance des mots. Surtout qu'on leur a dit que les cas sont référés au Medical Council.»

Toutefois, qui dit référence au Medical Council ne veut pas nécessairement dire qu'une compensation financière sera obtenue. «Je ne pense pas que le Medical Council soit une institution qui puisse déterminer le montant de la compensation à offrir à ces familles.» Tous les cas devront être envoyés devant une cour de justice. Elle seule pourra préciser le montant à payer par le ministère aux familles. «Les 11 familles doivent obtenir quelque chose. On ne peut pas dire qu'il y a eu négligence médicale dans seulement deux des 11 cas.»

Par ailleurs, les proches des défunts et les membres de l'association rénale invitent tous ceux qui veulent les rejoindre à une marche qui se tiendra le 23 avril. «Nous allons démarrer au Jardin Telfair à Souillac pour nous diriger vers la mer. Nous y jetterons des bouquets en hommage à tous ces êtres partis trop tôt.» Ils ont également en tête d'installer une stèle en souvenir de ces 11 patients. À savoir que la Santé compte aussi installer une stèle dans la cour de l'hôpital de Souillac.

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