Sénégal: Appel à la concertation - On ne peut pas ne pas dialoguer...

6 Avril 2023

L'Agora nationale (re) convoquée ! Le Président de la République a clos son adresse lundi soir en exprimant son ouverture au dialogue et à la concertation, « avec toutes les forces vives de la Nation ». Cet appel était attendu, espéré, du premier des Sénégalais, tant la conjoncture des derniers mois et les enjeux électoraux sont gros de périls pour la stabilité du pays alors que nos voisinages sont incertains au plan sécuritaire et que la relance économique post Covid commence seulement à porter ses fruits.

Cet appel de Macky Sall à l'endroit de tous les acteurs engagés dans la vie publique - et surtout à ces millions de Sénégalais anonymes- s'explique aisément, étant entendu que la célébration du 04 avril est aussi celle de la communion nationale, en transcendant tous les clivages, pour célébrer nos armées et fêter notre jeunesse. Il se comprend aisément par sa position de Chef de l'Etat, Chef suprême des armées, inspirateur de la politique gouvernementale, garant de la sécurité des personnes et des biens, et leader de la majorité aux affaires depuis 2012. La question de la sincérité de cet appel trouve sa réponse dans les attributs du Président de la République du Sénégal dont le manteau de « Père de la Nation » ne s'est pas effiloché de Senghor à Abdoulaye Wade, Abdou Diouf l'ayant rappelé quand on certains ont eu la tentation de l'oublier...

%

Quand le Président Macky Sall demande à ses compatriotes de « puiser à la source des anciens la sagesse qui inspire le dialogue et la concertation, pour surmonter nos différences, afin de rester la nation sénégalaise qui nous rassemble et nous ressemble », il touche bien là à l'essence même de ce qui a constitué au fil des ans un label Sénégal : « une nation de coexistence pacifique, où le sort de chacun dépend de celui de son prochain ; parce que nous sommes une seule et même famille ». Le rappeler n'est pas sans intérêt alors que les mois qui nous séparent de l'élection présidentielle du 25 février 2024 sont appréhendés avec inquiétude en raison du dialogue rompu entre les différentes chapelles politiques et des tentatives d'atteinte aux institutions ont été relevées. Le Chef de l'Etat a sans doute cet état de fait à l'esprit quand il rappelle que « le dialogue et la concertation » ne sauraient se comprendre que « dans le respect de l'Etat de droit et des Institutions de la République, pour un Sénégal uni, un Sénégal de paix, de stabilité et de cohésion nationale ».

La violence verbale d'abord, physique ensuite et surtout tout le temps inutile, a pris ses quartiers dans notre « grande conversation ». Le récit national se déroule maintenant selon une vision manichéenne, « pour ou contre », l'appartenance à un camp politique commençant à primer sur l'animation sereine de notre processus démocratique pour mieux lui faire traverser les écueils se posant de manière régulière sur son chemin. Pourtant, il faudra bien se parler, comme le suggère le Président de la République, car l'alternative est impensable. Ne pas se parler signifierait visiter l'inédit dans notre histoire politique. L'exercice ne sera pas simple, d'autant que des affaires judiciaires plombent les candidatures de certains ténors et que le Président Macky Sall lui-même ne s'est pas encore prononcé sur sa participation à ce scrutin. A moins d'un an de l'élection présidentielle, il y a bien matière à discuter, notamment certaines relatives aux conditions de participation à l'élection présidentielle, notamment les articles L.29 et L.30 ainsi que les modalités régissant le système de parrainage. Sans oublier l'enrôlement des primo-votants.

AllAfrica publie environ 500 articles par jour provenant de plus de 100 organes de presse et plus de 500 autres institutions et particuliers, représentant une diversité de positions sur tous les sujets. Nous publions aussi bien les informations et opinions de l'opposition que celles du gouvernement et leurs porte-paroles. Les pourvoyeurs d'informations, identifiés sur chaque article, gardent l'entière responsabilité éditoriale de leur production. En effet AllAfrica n'a pas le droit de modifier ou de corriger leurs contenus.

Les articles et documents identifiant AllAfrica comme source sont produits ou commandés par AllAfrica. Pour tous vos commentaires ou questions, contactez-nous ici.